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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/275

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

la terre, dont il est le maître. Aussi ne s’incline-t-il devant personne, excepté devant le Seigneur de tous les seigneurs ; mais il lève les yeux vers lui avec une foi et une confiance naïves. Ce caractère peut présenter des faces bizarres, parfois risibles, mais il a incontestablement une grandeur vigoureuse et libre, propre à faire de grandes choses. Pour résoudre le plus grand des problèmes et atteindre le but le plus élevé de l’humanité, — la création d’un peuple de frères, je crois que le Père des nations a posé sa main sur la tête de son plus jeune fils, en disant comme notre roi Charles IX de Gustaf-Adolphe : « Il le fera. »

J’ai souvent entendu citer comme l’un des traits caractéristiques les plus amusants de l’esprit yankee le voyage d’un jeune homme (frère de Charles Sumner) à Saint-Pétersbourg, pour faire cadeau d’un gland à l’empereur Nicolas. Mais je vais te dire cette histoire, comme Marie Child la raconte dans ses « Lettres sur New-York : »

« M. Dallas, envoyé des États-Unis à Saint-Pétersbourg il y a une couple d’années, vit entrer dans sa chambre un jeune homme de haute taille, de dix-neuf ans environ. C’était un échantillon complet du genre « yankee : » manches d’habit trop courtes pour ses bras osseux, pantalon qui s’efforçait de remonter vers les genoux, mains jouant avec des gros sous et des clous dans ses poches. Il se présenta lui-même en disant : « Je viens d’arriver avec quelques idées de Yankee pour commercer, et désire voir l’empereur.

« — Pourquoi le désirez-vous ?

« — Je lui apporte un présent d’Amérique. Je respecte infiniment l’empereur, et désire arriver jusqu’à lui pour lui remettre ce cadeau de mes propres mains. »