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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/276

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LA VIE DE FAMILLE

« M. Dallas sourit en répondant : « Quand on fait des présents aux têtes couronnées, mon garçon, c’est avec l’espoir de recevoir quelque chose en retour. Je crains donc que l’empereur ne considère votre cadeau comme une ruse de Yankee. Que lui apportez-vous ?

« — Un gland.

« — Un gland ! Eh ! d’où a pu vous venir l’idée d’apporter un gland a l’empereur de Russie ?

« — Peu de temps avant de mettre à la voile, je suis allé avec ma mère à Washington pour chercher une pension, et, lorsque nous nous trouvâmes dans cette ville, nous eûmes la pensée d’aller à Mount-Vernon[1], où j’ai ramassé ce gland, en me disant en moi-même que je l’apporterais à l’empereur de Russie. Il aura sans doute, pensai-je, entendu dire une foule de choses sur notre général Washington, et je présume qu’il admire nos institutions. J’ai donc apporté ce gland, je veux voir l’empereur.

« — Ce n’est pas, mon garçon, chose facile pour un étranger d’approcher de l’empereur, et je crains qu’il ne se soucie guère de votre cadeau.

« — Je vous dis que je veux avoir un entretien avec lui, et puis lui raconter diverses choses sur l’Amérique. Il sera fort content, je le devine, d’entendre parler de nos chemins de fer, des grands sillons que tracent nos bateaux à vapeur. Et quand il apprendra comment notre peuple marche en avant, il se mettra peut-être en mouvement pour faire aussi quelque chose. Enfin, je ne serai pas content que je n’aie causé avec l’empereur ; j’aimerais aussi voir sa femme et ses enfants, et comment ces gens-là élèvent leur famille.

  1. Propriété qui a appartenu à Washington, il y est enterré.