Aller au contenu

Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
313
DANS LE NOUVEAU-MONDE.

sont inconnus et me saluent en beautés anonymes. Je cause avec ces fleurs, j’écoute ces oiseaux et le murmure des grands chênes verts. Les merles qui y construisent leurs nids sont de la taille de nos choucas, et ont, des deux côtés du cou, en dessous de la tête, de jolis écrans jaunes qui ressemblent à des demi-cols ronds. Le moqueur est gris, grand comme nos merles, son chant est très-varié et souvent fort joli ; mais il n’a pas l’énergique inspiration du rossignol et de l’alouette d’Europe. On dirait qu’il chante des réminiscences ; il imite en même temps une foule de sons qui appartiennent à d’autres oiseaux, et aussi à des animaux. Il a cependant de belles notes, rappelant celles du rossignol et de notre merle. On dit que ces oiseaux dansent le menuet. Je les ai vu figurer vis-à-vis les uns des autres, et en piétinant d’une manière qui ressemble beaucoup à cette danse. Je présume qu’ils font ainsi leurs demandes en mariage. On ne réussit jamais, chose remarquable, à élever de leurs petits en cage ; ils meurent peu de temps après avoir été pris. On prétend que les mères leur apportent du poison. Les moqueurs qui ont toute leur croissance vivent et chantent fort bien en captivité.

Le 24 avril.

Hier au soir, et malgré les représentations de madame Poinsett, j’ai descendu, dans un canot ramé par un vieux nègre, le Waccamaw. La lune se leva et répandit sa clarté sur les eaux et le rivage, où croissaient des arbres et des plantes en fleurs qui m’étaient inconnus. Le nègre faisait avancer le canot rapidement, et partout où je découvrais une jolie fleur, nous nous dirigions de ce côté pour la cueillir. Nous voguâmes ainsi une couple d’heures ; tout