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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/333

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

s’il eût été un dieu. Tandis que le cortége passait dans les rues, on voyait accourir des noirs que cette pompe paraissait amuser beaucoup. M. Gilman m’a raconté qu’il avait entendu les nègres dire : « Calhoun était un méchant homme, car il voulait conserver l’esclavage. »

Le soir de ce jour il y eut du monde à la maison, jeux, danse et musique. Ensuite on se promena sur la terrasse au clair de lune jusqu’à minuit. Du côté de la rivière on entendait les chants des nègres pendant qu’ils ramaient en s’éloignant de la ville, où ils étaient venus apporter leurs œufs, leurs poules et leurs légumes pour les vendre, comme ils en ont la permission deux fois par semaine.

Quand cette lettre t’arrivera, mon Agathe, tu auras aussi l’été et des fleurs, et j’en rends grâces à Dieu ! Je partirai demain pour Savannah et Mâcon, la capitale de la Géorgie, puis j’irai à Montpellier, où je suis invitée chez M. Elliot, l’évôque épiscopal des États du Sud, pour assister à l’examen annuel d’un séminaire de femmes dont il prend soin. Je t’écrirai de là.

LETTRE XIV


Mâcon, Vineville, 7 mai 1850.

Non, je ne suis point partie pour Savannah au jour fixé, mais j’ai fait une excursion dans laquelle je t’invite à me suivre sans te dire où nous allons. Nous montons dans une voiture qui nous conduit au chemin de fer, nous entrons dans un waggon, madame Rowland, un jeune homme fort agréable et moi. — Je te présente M. Richards ; — tu viens avec nous, n’est-ce pas ? Nous allons à travers champs à dix-