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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/341

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

égale du bien de leur père ; qu’il a songé à tous avec une égale tendresse, ils voient alors qu’il les a aimés également. Eh bien, mes amis, — si nous étions ces enfants, et si nous avions eu chacun une part d’héritage dans la maison paternelle, — est-ce que nous n’aimerions pas tous ce père, est-ce qu’en vue de son amour nous ne suivrions pas ses commandements ? »

« — Oui ! oui ! oh ! oui ! Gloire, gloire à Dieu ! amen ! » s’écria l’auditoire les yeux rayonnants et avec un ravissement visible !

L’orateur continua à leur peindre avec la même simplicité la vie et la fin heureuse d’un chrétien pieux, d’un véritable enfant de Dieu. Il avait été témoin de la mort d’un pareil homme ; et, quoique ce fût un matelot sans éducation, qui se servait seulement des termes de son état, ils n’en prouvaient pas moins une vie spirituelle si nette, que ces expressions en rendraient encore témoignage devant cette assemblée. Très-malade de la fièvre, il avait perdu sa connaissance et paraissait au moment de rendre l’âme. Sa famille, debout autour de son lit, croyait qu’elle n’entendrait plus sa voix et attendait son dernier soupir ; il était comme en léthargie. Tout à coup il ouvrit les yeux, leva la tête et cria d’une voix forte et joyeuse : « Terre en avant ! » Sa tête retombe : on crut que c’était fini de lui ; mais il ouvrit encore une fois les yeux et s’écria : « Tournez ! laissez aller l’ancre ! » Il redevint silencieux : l’on crut que c’était pour toujours ; mais il ouvrit encore les yeux avec lucidité et calme en disant : « Tout est bien ! » — Et alors il fut en paix.

« — Amen ! amen ! Gloire, gloire à Dieu ! » s’écria l’auditoire, et je n’ai jamais vu une expression de joie et de ravissement comparable à celle qui rayonna sur les visages