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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/356

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LA VIE DE FAMILLE

délivrance, au christianisme. « Il travaille déjà, me dit-il, à donner plus d’élévation à la vie des nègres. Leur position s’améliore d’année en année, moralement et physiquement. Ils seront bientôt nos égaux sous le rapport moral, et alors ils ne pourront plus être des esclaves. Leur premier pas vers l’émancipation sera de recevoir des gages comme serviteurs. Je connais plusieurs personnes qui traitent déjà leurs esclaves de cette manière. » Cet entretien m’a réjouie, car je suis persuadée que la manière de voir de M. Eliott sur ce sujet est la vraie.

Les examens du séminaire étaient presque terminés, et une grande partie des jeunes filles, ces fleurs des États du Sud, déjà parties. J’en ai vu cependant quelques-unes, j’ai entendu leurs compositions en vers et en prose. Presque toutes les maîtresses venaient des États du Nord, la plupart de la Nouvelle-Angleterre. Elles furent réunies chez M. Eliott le soir du dernier jour de l’examen. Je me sentais un peu malheureuse, par suite de la chaleur, parce que je me portais mal (toujours cette faiblesse fiévreuse), et parce que je craignais de faire société et les devoirs que cela impose. Mais, saisie tout à coup par l’esprit scandinave’, j’établis un jeu qui mit toutes ces jeunes personnes, un peu guindées, en mouvement, et le rire le plus joyeux éclata ; le bon évêque se mit de notre jeu, en fut tellement amusé qu’il rit aussi de tout son cœur. Quand nous nous reposâmes, il en commença lui-même un autre plus tranquille, mais fort ingénieux, dans lequel la spirituelle madame Eliott se distingua aussi bien que son mari. La soirée se passa ainsi gaiement, et j’avais oublié ma fatigue, mon malaise.

Je devais me mettre en route le lendemain avec l’évêque et une couple de jeunes personnes. Nous nous réunîmes