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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/360

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LA VIE DE FAMILLE

devant de moi. La manière dont les foyers domestiques sont disposés dans ce pays et même dans les villes est quelque chose à part. Toute famille jouissant d’un peu d’aisance habite une maison entière, à laquelle est jointe ordinairement un petit jardin, ou du moins son emplacement. La maison a un ou deux salons, une salle à manger, une cuisine et un rez-de-chaussée. Toutes les chambres à coucher sont au premier, où il y a toujours aussi une ou deux et même plusieurs chambres d’amis ; c’est chose aussi certaine que dans nos campagnes en Suède. Toute maison de ville ou de campagne, en Amérique, doit avoir une chambre pour recevoir un étranger. Et lorsqu’une étrangère, complétement seule, est arrivée ici d’un pays lointain, il n’a pas été fort embarrassant de la recevoir dans la chambre d’ami ; c’est ce qui a eu lieu pour votre fille. En me trouvant à l’aise comme dans mon propre foyer, en trouvant des maîtresses de maison maternelles, des sœurs, des frères, avec lesquels j’ai vécu, causé à cœur ouvert, aussi intimement qu’avec les miens, — j’ai compris que le royaume des cieux n’était pas fort éloigné de la terre, ou du moins de ses foyers ; sans cela, comment me serais-je trouvée en relation avec des personnes qui nous sont complétement étrangères, sur le même pied de franchise et d’abandon qu’avec les anges de Dieu ?…

Dans ce moment encore, je vous écris au milieu d’une famille bonne et heureuse, où se trouvent trois générations. M. Monroe et sa femme, beaux vieillards, encore verts, leur fils unique, banquier fort estimé de Mâcon, sa femme, agréable et douce, et leur enfant. Cette famille est remarquablement cordiale, grave et pieuse, comme le sont souvent les familles de ce pays. On y fait matin et soir la prière en commun, ce qui me plaît infiniment, quoique parfois