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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/359

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Agathe, quand ma mère et toi vous le désirerez. Mes projets sont un peu vastes depuis quelque temps, il est vrai ; mais faciles à abandonner. Je désire passer encore un hiver dans cette partie du monde, pour en voir certaines parties, certaines choses, ce qui ne pourrait avoir lieu autrement ; je voudrais apercevoir aussi une lueur de la magnificence des tropiques à Cuba. Mon état maladif de l’hiver dernier a paralysé ma vie, au moins pendant trois mois, durant lesquels je n’ai vécu qu’à demi. Mais je suis prête à renoncer à tout au moindre souffle venu de la maison. Un mot seulement de toi, de ma mère, et… je vole vers vous.

LETTRE XV


Mâcon, Vineville, 8 mai.

Ma mère chérie ! j’ai appris avec infiniment de peine que l’hiver a été, pour vous et Agathe, plus difficile à passer que d’habitude. Dieu soit loué de ce qu’il est fini et que le beau côté du soleil est arrivé avec des perspectives plus gaies !

Vous avez vu par mes lettres précédentes combien je me trouve heureuse au milieu des excellents habitants de ce pays ; je parcours l’Amérique de famille en famille, et partout je suis reçue, traitée comme l’enfant de la maison. En outre de ce que ceci a de bon pour la vie de l’âme et du corps, j’y trouve l’occasion de connaître l’intérieur, la vie intime des familles du Nouveau-Monde, comme aucun voyageur, peut-être, n’a pu le faire ; et c’est précisément ce que j’ai voulu apprendre en venant ici. Mais j’étais loin de prévoir avec quelle bienveillance ce peuple viendrait au-