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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/363

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

espérer et me désoler. Ce mouvement de service continue pendant toute la durée du repas et m’en ôte le plaisir. L’inquiétude et l’impatience finissent par me donner un véritable battement de cœur. C’est bien en partie ma faute, — la faute de ma faiblesse, et aussi celle des usages de ce pays qui ne s’accordent pas très-bien avec les exigences d’une civilisation plus raffinée.

Mais un rapport sous lequel les foyers du Nouveau-Monde me semblent surpasser ceux de tous les pays, l’Angleterre exceptée, c’est la propreté. Les maisons les mieux tenues en Suède le sont rarement aussi bien que les habitations ordinaires ici. Tout y est arrangé proprement, depuis la chambre à coucher jusqu’à la cuisine ; et l’on maintient les domestiques dans la même propreté, le même arrangement de costume que la maîtresse de maison et ses filles. Une maison américaine est, à beaucoup d’égards, l’idéal du foyer (en exceptant les dispositions de chauffage dans les États du Nord). On y trouve tout ce qui peut rendre la vie agréable et commode, depuis la salle de bain jusqu’au petit jardin (à la ville comme à la campagne) avec ses arbres, quand même ils ne seraient pas nombreux, son joli banc de gazon et ses plantes vertes, ordinairement grimpantes, que l’on dirige le long du mur, d’où leurs fleurs exhalent un parfum que le vent fait monter vers les fenêtres. Si les maîtresses de maison de ce pays, surtout dans le Sud, ont plus de facilité que les nôtres sous le rapport du ménage proprement dit (on a ici des vivres et des légumes frais pendant toute l’année, tandis que nous sommes obligés de sécher, saler, fumer et confire dans la saison vivante pour la saison morte), elles n’en sont pas moins très-occupées par la surveillance qu’exige le bon état et la beauté intérieure de la maison, surtout dans le Sud, où