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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/368

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LA VIE DE FAMILLE

rigeants de l’œuvre de la délivrance à venir. Quoique l’un des plus jeunes États primitifs de l’Union, elle n’a pas moins coopéré activement à l’indépendance de l’Amérique, et l’esprit de liberté y a été puissant dès le commencement. Tous les peuples conservent des traces de leur origine et reçoivent un cachet particulier des hommes et des circonstances qui ont décidé de leur enfance. C’est naturel. On reconnaît facilement la cause première de l’esprit plus élevé et plus frais qui domine en Géorgie, dans la personne de James Oglethorpe, son premier fondateur, et les colonies nées sous sa protection. Je vais te dire quelques mots sur cet homme, dont je viens de lire l’histoire ; car, au milieu de tant de choses qui, sur cette terre, sont incomplètes, boiteuses ou estropiées, et en font détourner la vue avec mécontentement, il est satisfaisant de pouvoir la fixer sur un homme qui, du commencement jusqu’à la fin de sa journée de travail, veut une chose, agit dans son sens et réussit ; sur l’homme dont l’unique but dans la vie a été de rendre heureux ceux qui ne le sont pas, et a fondé ainsi un État…

Il n’y a guère plus d’un siècle que James Oglethorpe vint dans ce pays à la tête d’une petite bande d’émigrants, et dressa sa tente sur une langue de terre qui s’avance entre la mer et la Savannah, à l’endroit où est la ville de ce nom. Il était Anglais ; sa vie avait été riche, variée dans le domaine de la science, sur les champs de bataille et comme membre du parlement. Homme d’un esprit héroïque, au cœur plein de bienveillance, chaud, actif, il eut pitié des gens qui, à cette époque, en Angleterre, étaient enfermés pour de faibles dettes entre les murs d’une prison, et condamnés à y rester toujours. Il obtint leur élargissement et choisit pour eux comme pour les protestants persécutés