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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/54

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LA VIE DE FAMILLE

rivière s’élargit et embrassa plusieurs îles. Mais nous ne tardâmes point à voir dans le lointain des montagnes encore plus massives que les précédentes, les magnifiques montagnes de Catskill ; elles ont mille pieds d’élévation et forment une branche de la chaîne du grand Alleghany, laquelle traverse l’Amérique du nord au sud. La contrée qui longeait la rivière était bien bâtie, paraissait riche et cultivée. Pas de châteaux, pas de ruines ; presque partout de petites maisons, souvent charmantes, avec terrasse, vergers et des parcs entiers de pêchers. Quelques traditions relatives à la guerre contre les Indiens sont les seuls souvenirs historiques de ces bords. Je ne regrette par les ruines et les légendes du Rhin ; nous en avons suffisamment dans le vieux monde. Parmi les passagers du bateau, se trouvait un quaker en costume gris-jaune et chapeau à larges bords ; son visage ressemblait à un fruit vert ; ce n’était pas précisément un beau représentant de la société des Trembleurs.

Après une course de trois heures environ, nous arrivâmes à Blitherwood, la jolie résidence des Donaldson, où nous étions invités à un grand déjeuner. Je remarquai ici, comme ailleurs, le soin qu’on prenait pour exclure le jour des appartements. Cela me gêne, habituée que je suis à nos habitations si claires de la Suède. La chaleur du soleil est, dit-on, si forte ici pendant une partie de l’été, qu’on est obligée de l’exclure autant que possible des appartements. Une femme jolie, imposante, douée des formes les plus belles, un peu plus grasse que les Américaines que j’ai vues, nous reçut avec amitié. C’était madame Donaldson. Elle est catholique et de famille irlandaise, je crois. M. Donaldson et sa sœur sont calvinistes ; mais ils paraissent s’entendre parfaitement en fait d’amour et de bonnes œu-