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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/72

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LA VIE DE FAMILLE

par son esprit créateur. Brooklyn est aussi paisible que New-York est bruyant et agité. Bâtie sur les hauteurs de Long-Island, elle a des points de vue magnifiques sur le grand port, des rues larges et tranquilles plantées des deux côtés d’ailantus, espèce d’arbres chinois de la famille des acacias, je crois, et dont le feuillage ressemble à celui de nos frênes ; cependant ses feuilles sont beaucoup plus larges et portent maintenant de longues fascioles. D’autres arbres, à tiges plus élevées que l’ailantus, donnent aux rues de l’ombre et l’aspect de la campagne. On dit que les négociants de New-York traversent la rivière pour se rendre à Brooklyn (où ils ont leur habitation et leur famille), afin de pouvoir dormir. L’ami chez lequel je suis, Marcus Spring, a sa maison de commerce à New-York et sa demeure proprement dite à Brooklyn ; elle est charmante, champêtre, et porte le nom de Rose-Cottage. Spring l’a fait bâtir, a planté lui-même les arbres, les berceaux de vigne qui l’entourent ; il a semé dans ses terres du maïs et des plantes potagères ; c’est une création mi-parc, mi-jardin. Il part tous les matins pour New-York et revient chaque soir, non pas seulement pour dormir, mais se reposer, être heureux avec sa femme, ses enfants, ses amis. Rose-Cottage est situé à l’extrémité de la ville. Ne te figure pas que c’est une petite ville, elle a cent mille habitants, une maison commune fort belle et cent églises ; de Rose-Cottage, on voit la campagne avec ses hauteurs boisées, ses champs verdoyants de trois côtés. Des maisons en construction sur divers points menacent de faire invasion sur les champs ; mais il s’écoulera encore plusieurs années avant que Rose-Cottage soit dans la ville. Je passerai quelque temps ici avant d’aller dans le Massachusett et à Boston.

J’aurais beaucoup, beaucoup de choses à te raconter si