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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/98

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LA VIE DE FAMILLE

J’ai retrouvé ici la famille phalanstérienne qui m’a invitée la première à venir au Phalanstère, et en elle la sœur et le beau-frère de Marcus, personnages graves, affectueux, pénétrés de confiance et d’un amour profond pour l’idée de leur association ; ils se sont occupés dès l’origine de la création de cet établissement. M. A…, qui joint évidemment à l’enthousiasme une bonne tête pour les affaires, et une grande puissance d’organisation, a été prêtre pendant longtemps, et s’est distingué d’une manière bienfaisante comme missionnaire. Ensuite il a été pendant dix ans fermier dans l’un des États occidentaux de la vallée du Mississipi, cultivant le maïs et les fruits. Il se plaisait dans la solitude de cette riche nature ; mais ses enfants une fois grands, elle est devenue trop isolée pour eux et la cabane trop étroite pour la famille. Dans l’intérêt du développement et de l’éducation de ses enfants, M.A… s’est vu dans l’obligation de se rapprocher du monde, tout en prenant la résolution de ne vivre que pour la partie de son existence qui lui a paru la plus rapprochée de l’idéal d’une société chrétienne. Sa femme, lui et quelques autres époux, que cette idée avaient remplis d’enthousiasme, se sont réunis et ont formé pour huit années l’association appelée maintenant « Nouveau Phalanstère américain. » Chacun de ses membres a donné mille dollars ; on a acheté un terrain, on a travaillé ensemble en suivant des lois faites par l’association elle-même. De grandes difficultés se présentèrent d’abord ; car elle manquait de moyens pour bâtir et pour acheter des outils, etc., etc. Rien de touchant comme le récit des fatigues et des travaux auxquels s’étaient soumises des femmes peu habituées à ce genre d’occupation, de la persévérance et du courage dont elles ont fait preuve en cette occasion ; les hommes