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Page:Bremer - La Vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 1.djvu/99

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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

leur sont venus fraternellement en aide ; ils n’ont vu, comme les femmes, que l’honneur et la nécessité du travail, sans s’inquiéter si celui dont ils s’occupaient était de leur domaine ou non. Le mal qu’ils étaient obligés de se donner les ont rendus forts et patients. Les plus grandes difficultés sont surmontées, l’établissement est en voie de prospérité ; on pense à construire de nouvelles maisons, et surtout une vaste salle à manger et de compagnie, à introduire dans la cuisine et la buanderie des machines destinées á remplacer le travail manuel le plus fatigant. Le nombre des membres de l’association dépasse soixante-dix. Le revenu proprement dit du Phalanstère provient de la mouture, de l’agriculture et du jardinage ; — on cultive les pêches, les melons, les tomates. Dans les moulins, on fait du homouny, espèce de gruau de maïs, dont l’usage est extrêmement répandu, surtout pour les déjeuners.

Le soir, la plupart des membres du Phalanstère se réunirent dans la salle de compagnie ; plusieurs d’entre eux me furent présentés, et la jeunesse me parut fort bien. Abbie, l’aînée des nièces de Marcus, et son frère, sont d’une beauté remarquable. Parmi les hommes, il y en avait qui portaient des vêtements grossiers ; mais tons étaient propres, et avaient dans les manières quelque chose de bon et de très-digne.

On apporta de l’ouvrage, il fut placé sur la table : c’étaient de petits sacs de toile destinés au homouny qu’on envoyait à New-York, et sur lesquels est imprimée la marque du Phalanstère. J’ai cousu ma part de ces sacs, Channing a fait de même, en assurant qu’il cousait plus vite que moi ; j’ai soutenu que je cousais mieux. Ensuite, pour amuser la jeunesse, j’ai joué des danses et des chansons suédoises qui l’électrisèrent, surtout la polonaise de Necken.