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Page:Brocher - Souvenirs d’une morte vivante, 1909.pdf/80

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SECONDE PARTIE

Les parents prévenus, arrivèrent à Chartres ; ils insistèrent encore pour qu’il rentrât au séminaire.

« Non, jamais je n’y retournerai. Je ferai n’importe quelle profession, cela m’est égal, mais je ne serai pas prêtre ; se retournant vers le cordonnier, il lui dit : Voulez-vous m’apprendre votre métier ? » Au grand ébahissement de ses parents.

Voyant qu’ils n’obtiendraient rien de plus, ils le laissèrent libre du choix de sa profession (due au hasard des circonstances).

Il fit donc son apprentissage dans cette bonne ville de Chartres, au grand désespoir de sa famille (cependant il était bon fils et bon élève).

À 20 ans il faisait déjà de la politique, il blessait ses parents en faisant une propagande active antiroyaliste dans son propre, pays. Eux étaient partisans de Charles X, mon père était républicain.

Un jour son frère était très fâché qu’il vînt ainsi troubler la paix du village, il voulut lui jouer un tour de sa façon ; mon père voulut faire un discours ; on lui avait organisé une estrade sur un grand tonneau à cidre, mettant une planche sur laquelle il devait faire sa harangue. Mon oncle ayant eu vent de la chose, fut l’instigateur d’une mauvaise plaisanterie, le tonneau fut rempli d’eau, et au beau milieu de son discours, mon père frappa du pied avec force pour donner plus de couleurs, afin d’en mieux pénétrer son auditoire ; la planche cassa, mon père fut englouti dans le tonneau, ayant de l’eau jusqu’aux épaules, naturellement il était furieux de cette désagréable surprise.