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Page:Broglie - La morale évolutioniste.djvu/50

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dans tes êtres plus simples ; ceux qui n’ont pas de fonction à remplir dans une espèce déterminée y subsisteraient néanmoins, plus ou moins atrophiés. En outre, une certaine loi de progrès semble se manifester dans les périodes géologiques, et les êtres plus simples précèdent, en général, les êtres plu compliqués. Ces deux lois d’unité de plan et de progrès, fussent-elles absolument démontrées, forceraient-elles à admettre le système de Darwin ? Nullement ; ces lois peuvent s’accorder avec l’idée de créations successives des espèces. L’unité de plan ne serait alors que l’unité de la pensée du Créateur, et le progrès, que le développement graduel de cette pensée.

On peut faire, à l’idée de création successive, des objections métaphysiques ; mais aucune raison scientifique ne les exclut, l’origine de chaque espèce déterminée étant, d’un commun aveu, un problème non résolu, et qui ne sera pas résolu de longtemps. Et lors même que l’on admettrait que les espèces naissent les unes des autres, on ne serait pas obligé pour cela d’adopter l’application de Darwin. Autre est le transformisme en général, autre est le système de la concurrence de la vie et de la sélection naturelle. Écoutons sur ce point un auteur moderne très estimé et favorable au transformisme.

« Le transformisme est l’ensemble des doctrines qui admettent que les espèces ont pu dériver d’espèces antérieures, quelles que soient les causes qui sont supposées avoir amené cette transformation.

« Le darwinisme est la doctrine qui assigne pour causes à la production des espèces la lutte pour l’existence et la sélection naturelle. Ces deux grands phénomènes ont certainement joué un rôle dans la formation des races naturelles et dans l’adaptation de ces races à leurs conditions d’existence, mais la théorie de Darwin ne remonte pas jusqu’à la cause même des variations, spontanées en apparence, sur lesquelles porte la sélection ; elle n’explique pas non plus pourquoi des organismes de type différent se sont développés côte à côte, au lieu de suivre la même voie, et d’autre part la question fondamentale de la distinction entre la race et l’espèce n’en reste pas moins un problème à résoudre préalablement.

« La sélection naturelle peut fixer ou exagérer des caractères après leur apparition, mais elle n’est pour rien dans cette apparition qui est la conséquence de propriétés particulières aux êtres vivants et de l’action directe qu’exercent sur eux les êtres naturels. Nous allons trouver, dans l’étude de la reproduction des êtres inférieurs, des phénomènes remarquables qui peuvent jeter quelque jour sur les origines des caractères primordiaux des grands types organiques, » (Edmond Perrier, Anatomie et physiologie animale.)

L’auteur que nous venons de citer est franchement transformiste,