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Page:Broglie - La morale évolutioniste.djvu/72

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une loi qu’il prétend révélée par Ormuzd, et qui leur apprend à adorer un Dieu invisible. C’est Confucius, qui dégage l’idée de Dieu et celle de la famille des vieilles traditions et la présente au peuple chinois. Je ne parle pas de l’œuvre de Moïse, qui, analogue sur bien des points à celles que je viens d’indiquer, porte cependant des caractères transcendants de la Divinité. Ailleurs ce sont des législations civiles. C’est Solon, c’est Lycurgue, c’est Zaleucus, qui s’efforcent de réformer les mœurs en établissant des lois qui punissent le vice et récompensent la vertu. Ce sont enfin des philosophes qui s’érigent en prédicateurs et rappellent à l’humanité ses devoirs. Dans l’Inde, Çâkya-Monni crée d’abord une école philosophique et une société de sages. Plus tard, cette Société deviendra une grande religion. À Athènes, c’est Socrate qui pose les bases de la science du cœur humain, et commence ce grand mouvement philosophique qui durera jusqu’à Marc Aurele et servira de préparation à la prédication chrétienne.

Toutes ces œuvres humaines sont néanmoins impuissantes. Après. quelques efforts, l’humanité retombe soit dans ses anciennes erreurs et ses anciens vices, soit dans de nouvelles erreurs ou de nouveaux vices, souvent pires que les premiers. C’est alors que commence à se manifester la grande œuvre de restauration de l’humanité. C’est alors que le Père qui a instruit le premier homme de ses devoirs se décide à parler une seconde fois à ses enfants et à leur montrer de nouveau, sous des traits plus éclatants et d’une manière plus complète, les anciennes vérités qu’ils avaient laissées s obscurcir.

Ce qui distingue le christianisme des diverses tentatives de réforme que nous venons d’indiquer, c’est que l’œuvre entreprise par Jésus-Christ est le redressement de toutes les branches de l’organisation intellectuelle, religieuse, morale et sociale de l’humanité. L’idée de Dieu est ramenée à la pureté du monothéisme. En même temps les attributs divins, surtout les attributs moraux sont plus clairement manifestés. La morale proprement dite, la loi naturelle, est exposée dans l’Évangile avec une pureté et une efficacité merveilleuses. La famille est ramenée à sa pureté première par le rétablissement de la monogamie et de l’indissolubilité, caractère de l’union du premier couple. Dans l’ordre de la législation civile, des principes féconds sont posés, la distinction du spirituel et du temporel, la supériorité des lois divines sur les lois humaines. le devoir de ne pas plier devant des ordres injustes, l’égalité des hommes devant Dieu, la fraternité des différents peuples, l’obéissance due par conscience au souverain. Ces principes et ces vérités sont confiés à un sacerdoce nouveau, indépendant par son origine