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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/238

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Quoi qu’il en soit de cette faute, réelle ou supposée, après coup, il en commit certainement une autre, en chargeant M. de Caulaincourt de négocier l’armistice ; le choix du négociateur donnant à penser qu’il s’agissait de bien plus, qu’il s’agissait de traiter directement et à fond, avec les alliés sans le concours de l’Autriche.

M. de Metternich, qui, pendant tout le temps où la fortune semblait flotter incertaine, avait fait très bonne contenance, qui nous avait envoyé, d’heure en heure, les nouvelles qui lui parvenaient, avec une sincérité, que nous tenions, à tort, pour suspecte, M. de Metternich fut informé de l’arrivée de M. de Caulaincourt aux avant-postes des alliés par M. de Nesselrode, qui partit lui-même, et sans délai pour Vienne, afin de mettre à l’Autriche le marché à la main.

Le coup fut décisif.

M. de Metternich enleva son maître, en quelque sorte, et le transporta tout d’un trait à Gitschin, au centre de la Bohême, dans un château situé presque à égale distance de Dresde, où se trouvait l’empereur Napoléon, et de Breslau, où se trouvaient l’empereur Alexandre et le roi de Prusse. Ce fut de là qu’il entreprit de dicter aux belligérants ses conditions.