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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/282

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son intimité, voire même son intérieur de famille, passionné, ardent, tumultueux ; je ne crains pas d’ajouter que c’est ce qui détruisit sa santé, malgré la vigueur naturelle de son tempérament, et termina prématurément sa vie dans la force de l’âge et du talent.

Elle m’accueillit avec bonté ; elle aimait les titres de noblesse, les noms historiques, les idées libérales ; elle détestait l’empereur et le régime impérial ; elle se résignait à la Restauration, sans illusion, sans aversion, sans préjugés favorables ni contraires. J’étais assez son fait sous ces divers rapports.

Je la vis bientôt tous les jours ou à peu près ; j’allais habituellement chez elle soir ou matin ; quelquefois l’un et l’autre, soit à Paris, soit à Clichy, où elle s’établit pendant l’été.

Je me liai intimement avec son fils. J’étais son aîné de plusieurs années. Élevé de bonne heure dans un gymnase en Allemagne, puis, plus tard, sous les yeux mêmes de sa mère, par M. Schlegel, il était excellent scholar, et presque aussi versé dans la connaissance de l’antiquité que dans les moindres finesses et les moindres délicatesses des langues classiques. Il avait beaucoup voyagé ou seul, ou avec sa mère, et parlait la plupart des