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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/367

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du moment ne lui pardonnait pas d’avoir chanté la Révolution française, ses prouesses, et aussi ses excès en Italie. J’y vis M. Gonfalonieri, l’espoir et l’ornement du parti libéral italien, et qui depuis a payé cet honneur par une longue captivité dans les cachots du Spielberg. J’y vis l’abbé de Brême, Piémontais, alors fort connu en Italie, et très digne de l’être ; j’y vis d’autres personnages, dont le nom ne se présente pas, en ce moment, à ma mémoire, mais s’y représenteront peut-être plus tard, et selon l’occasion.

Monti, il faut bien en convenir, faisait pauvre figure. Son attitude était humble et sa conversation n’était pas brillante. Madame de Staël s’efforçait en vain de le relever à ses propres yeux et aux yeux des autres.

M. Gonfalonieri, en revanche, était beau, spirituel, animé, plein d’un généreux enthousiasme. Il n’avait point trempé dans le régime impérial, ni traîné dans les antichambres du prince Eugène ; il se préparait à la lutte dans laquelle il a succombé pour une cause digne de lui, et pour un pays qui, s’il n’a pu soutenir dignement cette cause jusqu’ici, ne l’a point abandonnée.

M. de Brême n’était abbé que de nom, et fort à