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Page:Broglie - Souvenirs, 1785-1817.djvu/53

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mort et des malheurs mêmes, une chose sérieuse.

De Bouin nous retournâmes à Nantes, et de Nantes nous allâmes à Brest par Lorient et Quimper. Ces contrées désolées offraient partout le même spectacle. Brest, en revanche, étai tbrillant et animé. Jamais peut-être la rade n’avait réuni, jamais peut-être elle ne réunira un aussi grand nombre de vaisseaux de ligne, de frégates, de bâtiments de tout genre et de toutes dimensions. Presque toute la marine française, sous les ordres de l’amiral Latouche-Tréville ; presque toute la marine espagnole, sous les ordres de l’amiral Gravina, y déployaient leurs pavillons : on y comptait plus de soixante vaisseaux de ligne.

M. de Latouche-Tréville avait été l’ami de mon père ; il commandait la frégate la Gloire, qui le porta en Amérique, et soutint dans la traversée un combat digne de son nom, contre un vaisseau de ligne anglais. Il m’accueillit avec amitié, me donna le moyen et l’occasion de tout voir. Le jour de la fête du roi d’Espagne, je dînai à bord du vaisseau amiral espagnol, la Conception, avec l’état, major des deux flottes, au bruit des bordées d’artillerie qui partaient d’instant en instant de tous les