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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/114

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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

Autres temps, autres mœurs, autres pensées ! Diderot et d’Alembert, pour la rédaction de tous les articles de l’Encyclopédie relatifs à l’imprimerie[1], firent appel au concours et aux connaissances du prote-correcteur de l’imprimerie Le Breton, nommé Brullé. À plus de cent cinquante ans de distance, le texte de Brullé n’a rien perdu de sa valeur et de son importance. Pour la technique du livre, il constitue une mine où puiser avec assurance des renseignements de valeur. — La Grande Encyclopédie Ladmirault aurait pu imiter l’exemple de son prédécesseur : elle n’aurait pu qu’y gagner en documentation, en précision ; la valeur qui se serait attachée, sur ce point particulier, à de trop courts articles, n’aurait point souffert de discussion.

Pierre Larousse, qui avait pour ses correcteurs une considération particulière, suivit, semble-t-il, dans le Grand Dictionnaire Universel du xixe siècle les errements de Diderot et d’Alembert ; et nulle comparaison ne saurait s’établir entre le mérite du texte relatif à l’art typographique du Grand Dictionnaire et celui de la Grande Encyclopédie. Sans doute, les auteurs de ce dernier ouvrage ne surent pas, sur ce point, discerner où était leur véritable intérêt.

Cependant, à la même époque, les éditeurs du Dictionnaire des Dictionnaires, à l’exemple de Robert Estienne, exposaient leurs épreuves, et Gauthier-Villars promettait une récompense aux personnes qui relèveraient une erreur dans les fastidieux calculs d’une table de logarithmes.

Les preuves manifestes de l’erreur des rédacteurs de la Grande Encyclopédie ne manquent d’ailleurs pas : à elles seules elles rempliraient aisément ce volume entier ; deux, toutefois, suffiront pour l’esprit le moins prévenu.

La première est tirée du Procès-verbal de l’Assemblée générale de la Société des Correcteurs de Londres (fondée en 1854), qui fut tenue le 17 septembre 1867, sous la présidence du romancier populaire anglais Ch. Dickens, pour examiner la situation précaire faite au correcteur dans l’imprimerie moderne, au double point de vue des salaires et de la considération :

« Dickens. — … Je sais par mon expérience personnelle quelles sont les fonctions des correcteurs d’imprimerie. Je puis témoigner de

  1. Voir le mot Imprimerie, t. XVIII de l’Encyclopédie de Diderot, p. 458.