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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/115

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LE CORRECTEUR MODERNE
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la manière dont ces fonctions sont ordinairement remplies ; je déclare qu’elles ne demandent pas simplement un œil exercé, mais qu’elles exigent une grande intelligence naturelle, beaucoup de connaissances acquises, un esprit vif à saisir les rapports des choses, le tout joint à une excellente mémoire et à un jugement sain.

« Je reconnais avec un véritable sentiment de reconnaissance que je n’ai jamais fait imprimer un volume sans que les correcteurs n’y aient signalé tantôt un oubli, tantôt une inconséquence, tantôt une bévue ; sans qu’ils m’aient mis sous les yeux, sous une forme palpable, quelque indication me démontrant jusqu’à l’évidence qu’un regard patient et exercé avait porté à travers tout mon ouvrage sa savante investigation. Je ne doute pas que tous les membres de la grande famille littéraire ne donnent leur assentiment à cette attestation qui n’est qu’un acte de justice… »

La seconde est non moins probante : la Société des Correcteurs de Paris, approuvée le 26 juillet 1866 par le Ministre de l’Intérieur, écrivait, le 24 juin 1868, dans le journal l’Imprimerie, « dans un très bon style et avec beaucoup de clarté », dit une annotation : « La Société, nous avons la satisfaction de le dire en terminant, ne reste pas tout à fait inactive : elle a voté, dans cette même séance, le projet d’une lettre, rédigée par M. Polguere, son vice-président, lettre adressée à l’Académie française pour attirer son attention sur les nombreuses réformes à opérer dans l’orthographe : « L’Académie a l’intention pour la prochaine édition de son Dictionnaire de se conformer à l’orthographe d’usage. La Société fait observer que cela n’est plus possible aujourd’hui. En effet, les correcteurs autrefois s’abandonnaient à leurs inspirations : les uns suivaient Boiste ou Lavaux, les autres continuaient les errements adoptés dans les imprimeries où ils se trouvaient. Cette anarchie a cessé depuis l’édition du Dictionnaire de l’Académie de 1835. On s’y est rallié partout, et, depuis cette époque, livres et journaux sont corrigés d’après l’orthographe de l’Académie. Qu’est devenu l’usage avec cette discipline ? Il a totalement disparu, et l’Académie, pour en retrouver des traces, dans les publications, serait obligée de remonter au delà de son édition de 1835. Telle n’est pas son intention sans doute. Elle voudra continuer son œuvre de 1835 en l’améliorant, en tenant compte des critiques des grammairiens et des observations toutes récentes de M. Didot. »