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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/267

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dans notre langue, et qui ne sauraient, sans préjudice pour elle, être retirés de la circulation, doivent être connus du correcteur, car il les chercherait en vain, même dans les dictionnaires les plus volumineux ?
xxxx « La correction en 1867 semblable à la correction du temps de Gutenberg ! » — Mais qui donc osera soutenir que, pour corriger un livre[1] en 1867, il ne soit pas indispensable d’avoir des aptitudes plus étendues et une somme de connaissances plus variées que n’en pouvait posséder le plus habile correcteur au xve ou au xvie siècle, alors que le latin et le grec formaient exclusivement le fonds de tous les livres, et que le domaine de l’imprimerie était restreint à la reproduction des livres religieux et des œuvres des auteurs anciens ?

La réponse était d’importance, et sous cette plume autorisée la question prenait un développement que n’avait certes point prévu l’auteur de l’entrefilet du numéro d’août. Ce dernier estima, sans doute, qu’il avait commis une erreur en ne conservant point « de Conrart le silence prudent » ; il pensa dès lors qu’il était préférable d’opérer une retraite en bon ordre et de… chercher une légère diversion. L’article de M. Bernier fut suivi de ces quelques lignes[2] :

Personne ne vous contestera que notre langue s’est enrichie d’une foule de mots nouveaux, que le correcteur doit savoir, bien qu’ils ne se trouvent pas tous dans les dictionnaires, à beaucoup près ; vous avez encore parfaitement raison de dire que le correcteur doit en connaître plus long aujourd’hui que du temps de Gutenberg ; mais tout cela est affaire de grammaire et de littérature, et n’a nul rapport au mécanisme de la correction, qui est resté, nous le répétons, et paraît devoir rester éternellement le même.

Ce n’est plus la correction qui est « stationnaire de sa nature » ; c’est maintenant le « mécanisme ». La nuance est importante ; elle a autant de valeur que l’aveu qui précède. Enfin il n’est plus question de « bien corriger les épreuves, chacun suivant les règles de sa langue ».

Mais est-il bien certain que le mécanisme de la correction soit resté le même depuis Gutenberg ? Nombre de règles typographiques ont légèrement évolué ; quelques-unes qui n’étaient point en usage sont aujourd’hui d’application fort rigoureuse ; d’autres, obligatoires aux temps anciens, sont inconnues de nos typographes modernes. — Sans crainte de se tromper, on peut affirmer, au reste, que les

  1. « Je n’entends parler ici que du livre sérieux, et non de ces produits malsains, toujours trop coûteux, malgré leur faux semblant de bon marché. » (M. Bernier.)
  2. L’Imprimerie, 1867, n° 44.