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signes de correction eux-mêmes ne sont point restés immuables ; les différences que l’on constate et dans leur emploi et dans leur forme en sont la preuve certaine[1].


H. — Le correcteur et les responsabilités


Le correcteur est responsable de sa correction. On ne badinait certes point autrefois avec cette responsabilité dont le principe a été admis dès les premières années de l’imprimerie[2].

L’édit de François Ier, du 31 août 1539, est très catégorique à cet égard : « … Seront tenuz lesdicts correcteurs de bien et songneusement corriger les livres,… aultrement seront tenuz aux interestz et dommaiges qui seroient encouruz par leur faulte et coulpe » (art. 17).

Peut-être, malgré les prescriptions formelles de l’édit de 1539, y eut-il, à l’application de ces mesures, des protestations nombreuses de la part des correcteurs ; peut-être la tolérance des maîtres imprimeurs, sous le rapport de la responsabilité des correcteurs, avait-elle engendré de nombreux abus. Quoi qu’il en soit, ces prescriptions furent soigneusement rappelées au cours des temps, dans les différents règlements sur le « faict de l’imprimerie», et, en août 1686, Louis XIV renouvelait en ces termes les prescriptions de son prédécesseur le Roi-Chevalier et le Père des lettres : « Les correcteurs seront tenus de bien et soigneusement corriger les livres ; et au cas que par leur faute il y ait obligation de réimprimer les feuilles qui leur auront été données pour corriger, elles seront réimprimées aux dépens des correcteurs. »

Le principe de la responsabilité est resté, mais ce qui possédait autrefois force de loi n’est plus à notre époque qu’un simple usage auquel on se conforme de manière générale[3]. En réalité, aujourd’hui, le responsable « pécunier » est le… maître imprimeur. Le correcteur n’accepte plus ou, tout au moins, n’accepterait que difficilement la « réimpression à ses dépens » des feuilles réimprimées par sa faute. Lorsqu’une

  1. Voir le chapitre vii, p. 274.
  2. Voir pages 453 et suiv.
  3. Voir, sur ce sujet, le chapitre xii (p. 453 et, surtout, p. 571, 8o).