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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/479

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non possunt, ob ingentem sarcinam humeris imparem, quam tamen sponte susceperunt, ut die nocteque adlaborantes victum quotidianum sibi comparare queant. Id quod compositoribus, torcularibus, ac proto, cæterisque hujusce artis operariis evenire solet. Dira igitur Lucri cupido, pace bonorum dixerim, hanc nobilissimam artem, et omni laude dignam, deturpavil, vilissimamque reddidit[1].

Mais — quelque vraisemblables que fussent les reproches adressés aux maîtres, quelque mal fondée que fût la mesure — le principe de la responsabilité des correcteurs était posé, il ne devait pas disparaître ; tout au contraire, l’édit du 10 septembre 1572 aggravait cette responsabilité de manière inattendue.

On ne saurait dès lors s’étonner de la suspicion dont on entoure parfois le correcteur le plus dévoué, des reproches sous lesquels on l’accable. L’autorité royale est redoutable aux faibles, dure aux isolés ; en son appui les forts puisent un surcroît de puissance, une justification de rancunes, une raison de vengeances mesquines contre le correcteur. Un auteur a commis une erreur : le correcteur doit la relever ; un écrivain a omis un texte important : le correcteur est tenu de le signaler ; un littérateur, au hasard de la plume, rédige une phrase obscure : le correcteur est obligé d’y porter remède de façon ou d’autre ; un compagnon éprouve une distraction ou manque d’intelligence : le correcteur a charge d’y veiller, et rien cependant ne sollicite de ce côté son attention. Cet état d’esprit est de tous les temps ; il fut de tous les âges : à notre époque le correcteur en souffre étrangement ; sous l’ancien régime, il en éprouvait les rudes conséquences. Heureux encore si on ne lui tient point rigueur des plaintes anodines qui lui échappent parfois. Le correcteur a le devoir de se taire, alors que l’auteur, pour s’excuser, a le droit d’invoquer les motifs les plus simples, les raisons les plus invraisemblables. En 1527, le libraire Jean Osmont fait suivre le titre d’un Missale secundum usum Metropolitanæ Ecclesiæ Aquensis des lignes suivantes : Correctum et revisum summa cum diligentia per discretos et egregios viros dominos Johannem Duranti canonicum, Jacobum Grossi et Petrum Burle beneficiatos

  1. Angeli Rocchæ Dissertatiancula de Origine typographiæ, excerpta ex ejus Bibliotheca Vaticana commentario illustrata, impressa Romæ, in Typographia Vaticana, anno 1591, in-4o.