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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/567

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ticle 6 de l’arrêt de 1683, notamment, s’exprime ainsi : « Il est expressément défendu à tous maîtres imprimeurs de faire travailler dans leurs imprimeries les dimanches et jours de fêtes ; et aux compagnons d’y travailler à la composition ou à l’impression d’aucun ouvrage, à peine contre les maîtres de 100 livres d’amende et de 10 livres contre chacun des compagnons. Pourront néanmoins les compagnons en cas de nécessité seulement préparer et tremper leur papier après les heures du service[1]. »

Cependant, malgré les édits et les règlements, le travail n’était point toujours suspendu le dimanche et les jours de fêtes. Un travail pressait-il ? Moyennant une gratification, il se rencontrait toujours quelque compagnon pour accepter la besogne supplémentaire.

Le prote-correcteur, bien que recevant un salaire mensuel, devait sans doute être tenu au moins de se présenter à l’atelier le dimanche, soit pour y assurer, le cas échéant, le début du « train de presse », soit pour veiller au rangement et à l’ordre que l’apprenti était chargé d’y apporter :

Les dimanches, il faut qu’éveillé de bonne heure
Je quitte au point du jour mon humide demeure ;
Si je tarde, j’entends notre prote aboyer :
Devinant aisément que c’est pour nettoyer,
Je me prépare encore à ce nouveau déboire…

dit Dufrène dans Misère des Apprentis[2].

Il était ainsi dans notre corporation des compagnons qui ne se reposaient jamais… à moins que le chômage n’imposât sa trêve qui parfois se prolongeait.

En 1650, les compagnons imprimeurs sollicitèrent une réduction de la durée du travail ou plutôt de la tâche journalière. Les maîtres consultés reconnurent — chose extraordinaire ! — le bien-fondé de la demande et se joignirent à leurs ouvriers pour obtenir du Parlement « de réduire la journée des dictz compagnons à faire à l’avenir que 2.500 feuilles des livres qui seront imprimez tout noirs à 2.200 des livres qui seront imprimez rouge et noir, pourveu toutesfois qu’ils

  1. C’est-à-dire, sans doute, « après les heures de la messe et des vêpres ».
  2. Paris, 1703.