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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/589

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du patron, dut accepter la double fonction du savant et de l’artisan.

Ainsi, dès son origine même, le correcteur occupe une place à part de l’élément ouvrier, place qui lui crée une situation supérieure, que les ordonnances royales et les règlements de l’Université reconnaissent en lui imposant des obligations particulières. Les siècles suivants ne devaient point, et ne pouvaient au reste, apporter de modifications à de tels errements. Peut-être le xixe siècle, après la suppression des corporations et la tentative d’égalité ouvrière générale, semblait-il devoir faire rentrer dans le rang une catégorie de travailleurs intellectuels haut placés dans la hiérarchie. Mais, dès 1848, les correcteurs parisiens réagissaient énergiquement par la création de leur Société fraternelle.

Il devait être donné au xxe siècle, revenant aux usages anciens, de fixer définitivement, semble-t-il, et juridiquement la situation industrielle du correcteur d’imprimerie.

On nous permettra de rappeler sommairement les circonstances dans lesquelles fut rendu le jugement auquel nous faisons allusion, les commentaires auxquels il a donné lieu dans certains milieux et la situation nouvelle qui en découle.

Le 13 juillet 1908, ayant à se prononcer sur une opposition formée par M. X…, correcteur au Journal officiel, à un jugement de la même Chambre, la 5e Chambre du Tribunal civil de la Seine a décidé qu’un correcteur d’imprimerie, que « sa culture intellectuelle et l’importance des travaux qu’il a à exécuter distinguent nettement des simples compositeurs, ne saurait être considéré comme ouvrier, mais comme employé ».

Voici l’attendu par lequel le Tribunal définit la profession du correcteur :

« Attendu que le correcteur d’imprimerie a pour fonction spéciale de relire la première copie sortie des presses, d’en corriger les fautes d’orthographe et d’impression, de veiller, en un mot, sous sa responsabilité, à la reproduction fidèle des termes et du sens du manuscrit original ; que la nature même de cette fonction implique nécessairement une culture intellectuelle assez étendue et un travail de cabinet qui se distingue nettement de celui de l’atelier de composition, où les ouvriers typographes, sous la direction du prote, leur contremaître, se livrent à la manipulation des caractères d’imprimerie et à leur assem-