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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/590

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blage ; que, s’il est possible d’admettre que, dans certains établissements de peu d’importance, le rôle du correcteur puisse être confondu avec celui de l’ouvrier proprement dit, il ne saurait en être ainsi dans l’espèce, en raison de l’importance de l’établissement industriel auquel est attaché X…, du niveau intellectuel que sa fonction comporte et du chiffre élevé de ses émoluments. »

Cette thèse a été confirmée, l’année suivante, dans un procès intenté par deux de ses correcteurs au journal le Matin, qui les avait licenciés sans leur accorder aucune indemnité.

Faisant sienne la définition juridique du correcteur établie par le jugement de la 5e Chambre, du 13 juillet 1908, rappelé ci-dessus : « employé d’une culture intellectuelle étendue…, travaillant sous sa seule responsabilité…, dont la fonction est incompatible avec celle des ouvriers d’imprimerie », la 7e Chambre du Tribunal civil de la Seine a condamné le journal le Matin à allouer à chacun des intéressés 180 francs de dommages-intérêts.

Depuis 1909, Dame Justice n’a pas été appelée, que nous sachions, à délibérer à nouveau sur la situation du correcteur dans l’imprimerie ; et les jugements rapportés ici, qui n’ont été infirmés par aucun arrêt nouveau de cassation ou d’appel, sont devenus définitifs, ont acquis « force de chose jugée ».

Les publications périodiques n’ont point mentionné — et pour cause ! — les manifestations bruyantes avec lesquelles les correcteurs ont accueilli une décision judiciaire qui, sans lutte, les élevait ainsi, officiellement, en un jour, d’un degré dans l’échelle industrielle. Mais quelques critiques ont pris prétexte de l’arrêt de Thémis pour exercer leur verve.

À propos de ce procès « où il s’agissait de savoir si un correcteur devait être considéré comme un ouvrier ou comme un employé, et le Tribunal ayant opiné pour cette dernière opinion et motivé son jugement par des raisons fort justes », le « père » Breton écrivait :

« En ce qui est des correcteurs, la chose, au fond, n’a pas grande importance. Ouvrier ou employé, on est toujours le salarié de quelqu’un, comme aurait dit notre vieil ami Brid’Oison, et l’argent qu’on reçoit