Aller au contenu

Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tout italique ou tout caractère gras. Les paquetiers reçoivent exclusivement, en distribution, le type de caractère qui leur est nécessaire pour le travail qu’ils ont à exécuter ; des équipes spéciales de consciencieux effectuent dans les casses banales la distribution des caractères de fantaisie, d’italique ou de gras. Toute cause de dérangement et, conséquemment, toute perte de temps sont ainsi évitées à l’ouvrier.

Avant de commencer sa distribution, il est indispensable que le compositeur vérifie les paquets qui lui sont remis par le chef de matériel. Il peut arriver en effet que, par suite d’un mastic[1], d’une erreur, d’une demande mal comprise, d’un défaut de classement ou de toute autre cause, le chef de matériel remette des paquets de caractères différents, comme corps ou comme œil, de ceux qui sont nécessaires. Sans doute, le matériel a commis une faute, mais combien plus est à blâmer l’ouvrier qui, manipulant le texte, le lisant mot par mot, le disséquant lettre par lettre, n’a pas su reconnaître l’erreur et, tout au contraire, a contribué, par une distribution intempestive, à l’augmenter.

a) Le texte à distribuer, placé sur la galée à distribution ou violon[2] a le cran tourné, comme lors de la composition, vers la tringle de tête, puis il est délié[3].

  1. Mélange de caractères de même force de corps, mais de genre et d’œil différents, et aussi, dans un sens plus large, de toutes espèces de caractères et de corps.
    xxxxLe mastic est peut-être la plaie la plus grave que l’on rencontre dans les ateliers de composition. Faute de soins, faute d’attention, les caractères les plus disparates, de même force de corps, et parfois de corps fort différents, sont fréquemment mastiqués au point que le chef de matériel renonce à réparer le désordre. La multiplicité des types de même corps, mais d’œils différents, qui existent dans les imprimeries, aide grandement à des confusions regrettables ; et de manière générale les fondeurs se préoccupent fort peu de donner aux maîtres imprimeurs le moyen pratique d’éviter ce genre de gâchis. On peut affirmer qu’il serait désirable, et sans doute possible, que nombre de signes — telles les ponctuations — soient gravés non pas pour chaque type de caractère, mais pour plusieurs séries de types dans chaque corps : il suffirait de créer un genre de gravure moyenne dont l’aspect s’accommoderait aisément de celui de différents types. Une telle combinaison existe déjà pour certains signes, — tels les croix, les astérisques, les pieds-de-mouche, les versets, les répons, etc. ; — cependant le lecteur ne s’étonne pas, semble-t-il, de la légère dissemblance qu’il lui est donné parfois de constater. Quelques maisons n’ont-elles pas elles-mêmes pris cette sage coutume de n’utiliser par corps de caractères qu’un seul type de lettres et de chiffres supérieurs, alors même que l’œil de ceux-ci est parfois un peu différent de celui de la lettre ? — Cette idée n’est point nouvelle assurément : à maintes reprises déjà elle a été exprimée sans résultat ; et, sans doute, il faudra attendre longtemps encore la réalisation de ce souhait.
  2. La galée de distribution, ou violon, se place à la partie supérieure du côté droit de la casse, solidement appuyée sur la barre transversale de séparation, ou retenue par son pied.
  3. Dans la majorité des cas, mouiller légèrement sa distribution est une précaution excellente. L’eau produit une adhérence momentanée qui agglutine en une sorte de bloc assez fragile l’ensemble de la composition.
    xxxxLe débutant a donc intérêt à mouiller, mais seulement sur les côtés, sa distribution : il obtiendra de cet acte une plus grande sécurité pour le maniement du plomb auquel il est encore un peu inhabile.
    xxxxMais il est nécessaire d’insister sur les mots « mouiller légèrement ».
    xxxxCertains compositeurs, au grand détriment des galées et des violons — aussi bien ceux