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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/109

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Suivant la grandeur de sa main et selon la force de corps du caractère, le genre de composition (pleine ou interlignée)[1], l’ouvrier dégage de l’ensemble du paquet huit à dix lignes environ qu’il repousse légèrement vers l’extrémité de la galée. À cet effet, il insère légèrement le pouce de chaque main en arrière et à l’extrémité de l’interligne couvrant la première ligne à repousser. Les médius, pliés, sont à droite et à gauche appuyés fortement sur les côtés du texte, pendant, que les index viennent, à l’opposé des pouces, se placer sur les extrémités de la dernière interligne. La poignée entièrement dégagée, les pouces s’abaissent de manière à s’appuyer sur toute la hauteur de l’interligne. Par un mouvement en arrière des poignets, la composition, presque complètement entourée par les doigts, est enlevée de la galée et placée verticalement,

    de bois que ceux de zinc — mouillent inconsidérément, presque à grande eau, la distribution qui leur est remise. Ce mouillage intempestif d’une distribution convenable, en bon état, paraît devoir être pour le typographe plutôt une perte de temps : l’eau produisant une trop grande adhérence, les lettres ne se séparent plus aussi facilement les unes des autres et ne tombent pas d’elles-mêmes ; il faut un léger effort, une minime poussée, pour les détacher des suivantes. En outre, la lettre humide, comme grasse, salit les casses dont elle noircit les cassetins ; elle se lève avec une facilité et une rapidité moindres, elle glisse malaisément dans le composteur, et sa légère adhérence paraît à beaucoup gênante pour la correction immédiate des erreurs que la lecture sur le plomb fait découvrir.
    xxxxLe mouillage du texte est recommandé lors des impositions, dans le cas d’un léger accident, afin d’éviter la pâte ou la perte irrémédiable d’un texte, pour les remaniements importants, tels que les transpositions de pages ou les reports de lignes d’une page à une autre, et aussi pour les désimpositions ou le désossage. Suivant les circonstances, la page ou le texte sont mouillés entièrement ou simplement sur les bords, de manière à obtenir le maximum de promptitude et de sécurité dans le travail.
    xxxxLe compositeur ne doit pas oublier que les gravures sur zinc doivent être rigoureusement protégées contre l’humidité, et qu’il y a intérêt, dans certaines circonstances où le mouillage est obligé, à retirer les zincs avant de procéder à cette opération ou à prendre des précautions spéciales contre un accident toujours possible.
    xxxxD’autre part, la distribution, lavée plus ou moins convenablement après tirage, n’est pas constamment dans un état de propreté irréprochable : l’encre, en séchant, durcit et forme sur les bords de chaque lettre une sorte de crasse agglutinante. Sous les doigts du compositeur, la lettre se dégage mal, ou tardivement, entraînant sa voisine dans un cassetin étranger : d’où risques nombreux de coquilles qu’il est indispensable de rechercher immédiatement, sous peine d’ennuis multiples lors de la composition. Le mouillage avec une dissolution d’alun, chaude autant que possible, obvie en partie à ces inconvénients qui s’atténuent peu à peu, au fur et à mesure que la distribution sèche. On peut encore, à l’aide d’un savon de Marseille, produire une eau bien savonneuse, chaude si possible, et en imbiber les pages de caractère ; au bout de quelques minutes on peut distribuer, la lettre n’est plus adhérente et glisse parfaitement. (Sur ce même sujet, voir également plus loin : lavage des formes.)
    xxxxParfois, le serrage énergique d’un paquet après un mouillage exagéré occasionne une cohésion complète de l’ensemble de la composition, analogue à celle qui se produit lors de la mise en forme pour la prise d’empreintes destinées au clichage ou à la galvanisation. Pour rompre cette adhérence, il suffit de frapper à plusieurs reprises, sans le débarrasser de son enveloppe ou le démunir du porte-page, le paquet à plat sur le marbre. Chaque poignée peut également être frappée, mais sur le bois, afin de ne point déformer le pied de la lettre.

  1. Lorsque la composition est pleine, c’est-à-dire compacte, non interlignée, l’emploi de trois ou quatre interlignes de soutien est indispensable. Au fur et à mesure de l’avancement de son travail, le compositeur intercale ces interlignes, à intervalles réguliers, dans la poignée à distribuer.