Aller au contenu

Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lors de la correction des épreuves, dans des conditions onéreuses.

d) La lettre doit tomber dans le cassetin et ne pas y être lancée brutalement : quelques compositeurs, particulièrement lorsqu’ils distribuent la lettre d’un corps élevé, jettent en quelque sorte chaque lettre sur le cassetin du plus haut que la main peut se tenir. Pratique déplorable et énervante : déplorable pour l’œil du caractère que le choc peut endommager gravement, énervante en raison du bruit de tac-tac qu’elle produit.

e) Lorsque la distribution remise au compositeur n’a pas été expurgée, c’est-à-dire débarrassée des caractères étrangers au type demandé — italique, gras, signes algébriques, etc., — les lettres de ces caractères sont placées, au fur et à mesure de leur rencontre, dans un composteur spécial en bois. Sitôt la distribution terminée, le composteur est remis au matériel qui souvent est chargé d’assurer la mise en place du contenu ; parfois cependant c’est le compositeur lui-même qui obligatoirement doit assumer ce soin.

Dans ce cas, l’ouvrier accomplit le plus rapidement possible et avec un soin méticuleux la tâche qui lui incombe. Il se garde d’imiter certains « cossards » qui collectionnent, sur un ou même plusieurs composteurs, italique, petites capitales, égyptiennes, lettres accentuées ou étrangères, signes divers, et remettent à plus tard une distribution qui cependant s’impose immédiate.

Laisser traîner entre les casses, sur un coin quelconque du rang, ces lettres isolées, c’est en faire bientôt des lettres perdues ; c’est aussi motif à entasser à ce même endroit d’autres sortes qui, mélangées, seront longues à trier, si — chose trop fréquente, hélas ! — l’intéressé ne cherche point à les dissimuler ou à les faire disparaître… dans le cassetin au diable, dans celui aux cadrats, aux tirets, ou dans ceux aux lettres accentuées. Peu à peu ainsi les casses « s’empoisonnent» ; quelques-unes dans certaines de leurs parties ne contiennent bientôt qu’un pâté, beaucoup plus long certes à trier et à distribuer que ne l’eût été la mise en place, au moment de leur rencontre, des lettres et des signes qui le constituent.

À tous, cette méthode déplorable cause un réel préjudice : les lettres ainsi planquées, c’est-à-dire mises de côté là où il vient rarement à l’idée de les chercher, peuvent faire défaut ; leur absence nuit gravement à la rapidité du travail et cause de nombreuses pertes de temps, conséquemment d’argent. Le moins qu’on puisse regretter d’ailleurs est que les coupables — ceux qui ont « égaré » un matériel précieux — aient eux-