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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/205

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ditions, deux ou trois épreuves avant la mise en pages, l’éreintement et l’encrassement du caractère sont complets.

Les épreuves des pages en formes ne sont souvent guère mieux traitées. Si le pressier est un manœuvre quelconque n’ayant aucune notion de la presse à bras, les résultats du travail sont déplorables, aussi bien pour le matériel lui-même que pour l’auteur ou le correcteur. Le lavage des caractères n’a jamais lieu ou, si par hasard et pour des raisons majeures il est exécuté, il est fait dans des conditions qui permettent de dire qu’il eût mieux valu se tenir tranquille.

c) Assez rarement, surtout pour les envois destinés aux auteurs, les épreuves sont exécutées sur le marbre. La forme ou les paquets préalablement encrés à l’aide d’un rouleau à main sont recouverts d’une feuille de papier dont la face a été légèrement mouillée à l’aide d’une éponge ou d’un blaireau. Le papier, simplement posé sur la composition, doit être bien tendu et ne présenter aucun pli. Avec une brosse plate spéciale, dite brosse à épreuves, on frappe la feuille : les coups doivent être modérés, afin d’éviter toute déchirure du papier rendu particulièrement fragile, en raison de son humidité ; ils doivent aussi être rapides, car le papier sèche vite et en même temps se déforme et se rétrécit ; enfin, ils seront bien dirigés, car la lettre, particulièrement celle des paquets, se couche si elle est frappée obliquement ou trop fortement.

Le taquoir remplace parfois la brosse ; il ne faut pas oublier que son action est brutale, et que son emploi doit être particulièrement surveillé.

d) La brosse, comme le taquoir, ne donne que des épreuves quelconques, trop fréquemment floues, de lecture difficile ; des pâtés d’encre isolés ou des manques de touche nombreux ajoutent encore à ces inconvénients ; aussi est-il de règle de réserver l’emploi de la brosse et du taquoir presque exclusivement pour la confection des épreuves destinées au personnel de l’imprimerie, correcteurs, reviseurs et tierceurs.

La presse manuelle elle-même n’est pas, à ces différents égards, exemple de tous reproches, dont la gravité s’augmente ou s’atténue en raison de l’incapacité ou des soins du pressier. Cependant, si le pressier a pris quelque précaution, les épreuves donnent suffisamment satisfaction, lorsqu’il s’agit d’épreuves de texte courant, ou de texte ne comportant que des gravures au trait.

Pour le tirage des épreuves comportant des similis, ou pour les épreuves à fournir en grandes quantités, et sur des papiers spéciaux, nombre d’imprimeries utilisent des presses spéciales à cylindre, sur lesquelles une légère mise en train peut être faite et la marge possible.