Aller au contenu

Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il reste encore un blanc, insuffisant pour recevoir la lettre suivante, capable toutefois de loger une lettre plus faible, cette lettre compte au calibrage alphabétique. »

Le calibrage alphabétique était un avantage incontestable sur la méthode du comptage à la lettre calibrée. Toutefois, bien qu’il ait été conservé et qu’il soit, sans doute, le seul en usage actuellement, il n’est point exempt de critiques, et certains seraient désireux de le voir remplacé par un nouveau système : « Le calibrage alphabétique se fait à l’aide de 25 unités de forces différentes, il est vrai ; mais, lors du calibrage, le retour de ces mêmes inégalités a lieu régulièrement une fois, deux fois au plus, suivant la longueur de la justification. Si l’on compte unité par unité les lettres qui, au cours de la composition, rentrent, dans une ligne, on trouve une différence entre le nombre de lettres levées et celui des lettres comptées d’après le calibrage alphabétique. La raison en est facile à expliquer : la langue française répète fréquemment certaines lettres minces, telles l, i, t, comptées une fois ou deux au plus dans l’opération du calibrage ; si à ces lettres on ajoute les signes orthographiques, comme l’apostrophe, la virgule, le point et les espaces fines, on admettra volontiers que le compositeur lève un nombre certes plus élevé de lettres que celui qu’il peut compter. »

Sur ce point, tout le monde est d’accord ; mais les divergences se produisent lorsqu’il s’agit d’apporter remède au mal. Si pour chacune des lignes composées le typographe est dans la nécessité de compter, après les avoir levées, toutes les lettres entrant dans la justification, il perdra, le fait est certain, un temps précieux, et il n’est pas démontré que le gain qu’il retirera de son comptage puisse rémunérer suffisamment ce travail supplémentaire. Il faut bien admettre, en outre, qu’aucun maître imprimeur ne se décidera à accepter les chiffres donnés même par le plus honnête de ses paquetiers sans réserver son droit de vérification. Complication évidente, dont les résultats seront plutôt négatifs ! — Si le compositeur est lésé dans son gain, avec le calibrage alphabétique, ne serait-il point préférable de majorer d’un nombre de lettres déterminé suivant la longueur de la justification le compte normal, ou encore d’augmenter le prix du mille de lettres, plutôt que de recourir à des expédients dont les inconvénients ne sont pas niables ?

Le correcteur aux pièces est, comme le compositeur, payé suivant le calibrage alphabétique ; la page est toujours comptée pleine, y compris le folio ; aucune déduction n’est opérée pour les blancs quels qu’ils soient, les gravures, les titres, qui se rencontrent au cours de la lecture.