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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/223

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apparaît bien, par contre, qu’il est insuffisant pour les longueurs extrêmes de 0m,80 ; d’autre part, pour celles de 0m,15, l’emploi de deux pignons paraît superflu, alors qu’une seule crémaillère à support serait aisément suffisante.

Ce système de serrage à crémaillère est l’un des plus connus et des plus employés pour les journaux, les revues, les placards et aussi le serrage des formes à conserver. Il offre le grand avantage d’être très rapide, indesserrable au cours du tirage, et, surtout, complètement à l’abri des influences de la température.

Mais on peut, sans crainte d’être taxé de parti pris, lui faire grief de nombreux méfaits. Entre les mains d’un imposeur brutal, c’est pour les châssis et les ramettes, quel que soit d’ailleurs leur degré de résistance, un agent de destruction de premier ordre : l’ouvrier emploie toute sa force au serrage convenable de la forme, et le serrage n’est généralement convenable qu’au moment où la noix est parvenue au sommet de la crémaillère. Sous la poussée de ces efforts incessamment répétés, les bandes ne tardent pas à se déformer ; une courbure vers l’extérieur se manifeste rapidement, de plus en plus appréciable, en même temps que le châssis perd son appui sur le marbre. Plus s’accentue la courbure et disparaît l’appui, plus le compositeur, aggravant le mal, cherche, à l’aide de réglettes ou d’interlignes supplémentaires, à accentuer la pression pour arriver au serrage convenable. La forme serrée, par aucun procédé on ne peut diminuer la courbure, mais on rétablit brutalement l’appui à coups de marteau répétés ; la levée de la bande s’atténue sans doute, mais noix, biseaux, réglettes et composition se sont légèrement soulevés à leur tour ; il est nécessaire de desserrer pour effectuer une deuxième fois un serrage qui certes ne sera point plus convenable que le précédent ; ou alors les risques de rupture sont tels que, même maniée avec les plus grandes précautions, la forme présente de réelles difficultés à la mise sous presse et donne lieu au cours du tirage à de nombreux désagréments.

Il est, en outre, nécessaire de faire remarquer que le serrage ainsi porté à la partie supérieure de la crémaillère tend à faire basculer légèrement le biseau ; la pression, au lieu d’être répartie uniformément sur l’ensemble de la crémaillère, écrase en quelque sorte une fraction minime du coin, et par lui produit, en une partie correspondante du texte, une dépression d’aspect désagréable. Une forme serrée dans ces conditions ne présente aucune garantie de solidité ; certaines pages tendent à chasser de côté ou d’autre selon l’effort du serrage ; l’aplomb leur fait complètement défaut, et la forme elle-même, par contre-coup, semble imposée complètement de guingois.