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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/224

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Enfin la rugosité de ce système, dans lequel les entailles de la noix ne correspondent pas toujours exactement aux dents de la crémaillère, en aggrave parfois les inconvénients. Pour remédier à ce dernier défaut, certains constructeurs rectifient à la fraise les dents des crémaillères et conseillent l’emploi de « noix rectifiées, d’un fonctionnement plus doux et, par suite, d’une plus longue durée ».

Pour être convenable, le serrage à crémaillère doit, surtout, pouvoir être modéré ; il y faut une douceur et une sûreté de main que, seul, possède l’ouvrier, le véritable ouvrier, et que n’acquerra jamais le brutal, non plus que le « poseur » ou le « faiseur ».

Le biseau, quel qu’il soit, simple, double ou à crémaillère opposée, présentera à la composition une face rigoureusement plane ; en outre, il couvrira presque entièrement l’ensemble du texte à serrer, afin de répartir uniformément sur toutes les pages la poussée exercée lors du serrage. La noix dépassera de peu la moitié de la crémaillère sur laquelle elle monte, afin de ne point déplacer le centre de gravité de sa pression. Toutes les noix d’un même côté d’une forme donneront une pression rigoureusement équivalente. Enfin, le serrage d’une noix ne sera pas exécuté d’un seul coup, mais progressivement et successivement, comme cela a lieu avec les coins en bois.

b) Le serrage Lavater paraît présenter moins d’inconvénients que le système à crémaillère, tout en possédant la plupart de ses avantages.

Ce système, dont le prix d’achat est peu élevé, est constitué par une pièce de fer, dont l’une des faces, destinée à être appliquée sur les réglettes côté composition, est parfaitement dressée et rigoureusement rectiligne ; l’autre face comporte un nombre d’entailles en forme de quart de cercle variable suivant sa longueur. Ces entailles sont destinées à recevoir, selon les circonstances, une, deux ou trois noix, de forme particulière, légèrement excentrées. La partie excentrée, ou partie forte, est taillée de telle sorte que sa surface de serrage croît progressivement de zéro jusqu’à un maximum au delà duquel elle retombe brusquement à zéro : l’ouvrier ne saurait dès lors, à moins de mauvaise volonté évidente, dépasser les limites normales d’un serrage convenable. D’autre part, les faces destinées à obtenir la pression de serrage sont rondes pour celle en contact avec l’entaille en quart de cercle de la pièce de fer, et plates pour celle portant sur la bande du châssis. Les deux parties en contact se présentant de la sorte dans un même plan, la surface serrante est plus étendue, et la pression se fait normalement sur la composition.

Dès lors aucun desserrage intempestif d’une forme convenablement serrée ne semble à redouter.