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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/245

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présentant aucun travers (pages de guingois), si minime soit-il ; les habillages de gravure, parfaitement d’équerre ; toutes les garnitures convenablement et régulièrement établies ; aucun lingot, aucune réglette en bois, trop longs, susceptibles de nuire au serrage ; aucun blanc court, capable de faire tourner les bas de pages, s’il ne porte pas exactement au milieu de celles-ci ; les lettres des bords de pages, maintenues par l’interligne ou la garniture, ne chevauchant pas ; dans une composition non interlignée, la rectitude de la ligne conservée, sans courbure ni, à plus forte raison, « soleil » ; dans un tableau, la soudure parfaite des angles des filets de cadre ; pour une opération mathématique ou algébrique, aucun terme ou signe tombé ou parangonnage dérangé, etc.

Cette vérification terminée, le compositeur pourra taquer sa forme, mais non sans s’être assuré qu’aucun corps étranger, papier, fragments de lettres ou d’espaces brisées, esquilles de bois ou autre, n’est resté sur la composition : toute lettre atteinte est une lettre perdue.

Sous l’action du taquoir, légèrement frappé à deux ou trois reprises par le marteau ou le maillet en bois[1], la lettre cède, et l’ensemble de la page repose sur le marbre parfaitement d’aplomb. D’autre part, le taquoir, répétons-le, ne doit jamais être traîné sur la page ; il risquerait d’égratigner l’œil d’une lettre ou d’un signe qui par hasard déborderait au-dessus de la composition ; tout au contraire, il est franchement levé, puis posé bien à plat, et alors seulement frappé par le marteau. Enfin, pour être réellement efficace, le taquage doit être effectué alors que la forme est desserrée ; le taquoir à semelle tendre est alors suffisamment efficace.

Dans une forme in-8, on taque dans l’ordre suivant : pages 4, 5, 12 et 13 ; pages 16, 9, 8 et 1.

Dans nombre d’imprimeries, où les formes sont pointées immédiatement aux machines, sitôt l’imposition terminée, l’imposeur abandonne cette opération du taquage aux bons soins de l’imprimeur obligé de desserrer dès la mise sous presse. La répétition d’une opération d’une valeur toute relative au moment de l’imposition est ainsi évitée. Sans doute, le taquage est utile ; il est même nécessaire, indispensable ; mais quelques ouvriers accomplissent si brutalement et si inconséquemment ce travail, qu’il est permis de réduire au strict minimum les cas où il est bon d’y procéder : moins de lettres cassées, moins de signes écrasés, moins de bords de pages égratignés, sans compter plus de silence que ne viendra

  1. Pour indiquer très nettement que le taquage ne doit être jamais brutal, Th. Lefevre dit : « On frappe dessus deux ou trois légers coups avec le manche du maillet. »