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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/247

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jambe ». Ceux-là, utilisant le marteau, à l’exclusion du décognoir, qu’ils veulent ignorer, frappent quelques coups à côté : « ils éreintent le châssis, écornent deux ou trois lingots, décapitent nombre de lettres et sabrent les coins auxquels ils s’attaquent. Pour n’avoir point voulu utiliser un instrument modeste, que par hasard leurs yeux n’ont point aperçu dès l’abord, ils sont les destructeurs d’un matériel contre le mauvais état duquel ils seront les premiers et les plus ardents à protester à la première occasion. Inconscience d’un moment, manque d’éducation professionnelle dont tous supportent les regrettables conséquences. »

Toute forme, qui, sitôt son imposition, n’est point remise aux machines, doit porter une inscription qui lui constitue une sorte d’état civil. À cet effet, on inscrit au dos, sur les bandes du châssis, et de manière très apparente, le titre de l’ouvrage, le nom de l’auteur, la tomaison du volume, le numéro de la feuille et l’indication du côté ; on peut, d’ailleurs, utiliser toute autre désignation plus rapide permettant de cataloguer immédiatement la forme. Toute forme, quelle qu’elle soit, et particulièrement les formes isolées ou d’encart, reçoivent des indications très nettes pouvant faciliter les recherches. Ces divers renseignements seront mis autant que possible à l’abri des causes qui entraîneraient leur disparition, et la conservation en sera assurée avec soin.

La conservation des formes imposées est à surveiller de manière toute particulière. L’un des principaux inconvénients du serrage à l’aide de coins de bois est, on l’a vu, l’influence exercée sur eux par la température. Par suite de la sécheresse, le bois subit, une diminution appréciable, rendant illusoire même le serrage le plus soigné.

Le remède le plus simple est assurément un serrage nouveau : si la forme, tenue d’aplomb, est encore suffisamment résistante, les coins sont, à l’aide du décognoir, chassés avec précaution vers l’extrémité forte du biseau.

Lorsqu’elle présente trop de risques de rupture, la forme est appuyée contre un ais, puis, toujours sur ce support, placée sur le marbre ou sur le sol. On procède alors sans crainte à une vérification et à un renouvellement du serrage : les coins existants, encore utilisables, sont serrés ; ceux jugés impropres à un plus long emploi sont écartés et remplacés par d’autres en excellent état et parfaitement secs ; enfin, pour diverses raisons, si la quantité des serrages est jugée insuffisante, on augmente leur nombre.

Sans recourir à ces diverses opérations qui nécessitent un certain délai, quelques typographes recommandent un procédé assez simple : la forme et particulièrement les bois — biseaux et coins — sont abondam-