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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/328

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17. Dans le texte courant, la virgule (,) se colle au mot, à la lettre ou au signe qu’elle suit immédiatement.

Pendant de très longues années, ce fut une règle typographique de placer avant la virgule une espace fine ; de nos jours, cet usage est de plus en plus abandonné.

Bien que, dans son édition de 1903, le Traité de la Typographie[1] de Fournier dise : « Les différents signes de la ponctuation doivent être séparés du mot qui les précède par des espaces moins fortes de moitié que celles qui les suivent », et ne fasse d’exception que pour le point, en 1880, Daupeley-Gouverneur écrivait[2] : « Nous ne considérons pas cet espacement comme absolument indispensable dans les lignes moyennement espacées. On s’en abstiendra dans les lignes serrées. »

En réalité, l’espacement de la virgule a simplement lieu (et encore !) lorsque « la justification requiert un espacement plus large que la moyenne ». C’est l’opinion de Leclerc[3] et de la plupart des auteurs modernes.

D’ailleurs, les manuels qui hésitent encore à se ranger à cet avis sont obligés de reconnaître, avec M. L. Chollet[4], que, « lorsque les lignes sont très serrées, par exemple dans les petits formats à deux colonnes, et que la composition a lieu en caractères au-dessous du 8, l’espacement sera diminué ou supprimé, à l’exception de celui des deux points »…

18. Le point final, comme le point abréviatif (.), se colle au mot, à la lettre ou au signe qui le précèdent.

Dans les imprimeries de langue anglaise et allemande, les typographes, après un point, emploient le cadratin de blanc pour mieux marquer la fin d’une phrase et le début d’une autre. Cet usage, acceptable dans les caractères à œil large, est disgracieux dans un texte serré. En France, d’ailleurs, on n’a jamais songé à le recommander ; et les exemples que l’on rencontre de cette disposition typographique ne peuvent être estimés que fantaisies d’auteur ou d’éditeur.

19. Les points de réticence ou de suspension, précédant ou suivant un texte dans lequel ils indiquent une lacune, prennent avant et après eux l’espace forte de la ligne où ils sont employés :

Je soussigné, …, demeurant à …, arrondissement de …, dépar-tement de …, déclare :

  1. H. Fournier, Traité de la Typographie, p. 100.
  2. G. Daupeley-Gouverneur, le Compositeur et le Correcteur typographes, p. 78.
  3. E. Leclerc, Nouveau Manuel complet de Typographie (éd. 1921), p. 162.
  4. L. Chollet, Petit Manuel de Composition à l’usage des typographes et des correcteurs, p. 20. — Il est difficile d’accepter entièrement l’opinion de M. L. Chollet : en effet, la suppression de l’espace fine avant le point et virgule, le point d’interrogation et le point d’exclamation n’a presque jamais lieu.