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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/373

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composé, comme nous l’avons figurée. Telle est également, dans le Guide de l’apprenti compositeur, l’opinion de M. J. Claye, qui conseille de profiter de la présence de la division pour lui faire remplir le rôle de trait d’union et éviter ainsi le mauvais aspect produit par l’accumulation de plusieurs divisions dans un mot en comportant déjà.

Tout au contraire, M. Fournier, après avoir d’abord accepté la division entre les deux parties primitives du nom composé, à condition que la fin de la première et le début de la seconde n’aient pas été réunis en une seule syllabe (cas où évidemment cette portion du mot n’est plus divisible) :

contre-/ maître,xxxcontre-/ poids,xxxporte-/ manteau,


fait une restriction à cette règle qu’il vient d’accepter, par crainte de voir le lecteur se demander si le signe remplit en même temps la fonction de la division et celle du trait d’union[1]. Et, pour éviter l’erreur pouvant résulter de cette ignorance, M. Fournier désirerait l’emploi, pour la division en fin de ligne, d’un signe horizontal à double trait (analogue, par conséquent, sauf l’inclinaison, à la division gothique allemande).

M. Désiré Greffier regrette la règle (un peu absolue, dit-il) qui ne permet pas la division entre deux voyelles, même lorsqu’elles ne forment pas diphtongue. Il voudrait ainsi pouvoir diviser :

mo-abite,


où il n’y a pas diphtongue ; alors que l’on ne peut diviser :

sa-uvage,


à cause de la diphtongue au : « On a renoncé à cette tolérance à cause des difficultés et des erreurs où l’on tombe inévitablement. »

Et l’on a bien fait, croyons-nous à l’encontre de M. J. Claye, qui, dans son Manuel de l’apprenti compositeur, avoue ne pas saisir pourquoi la division

cru-/ auté,xxxcré-/ ation


n’est pas permise, « et est tenté de classer ce cas parmi les préjugés typographiques ».

Préjugé tant que l’on voudra ! Peut-être ! Mais M. J. Claye lui-même, tout maître imprimeur qu’il ait été, aurait-il pu donner une nomenclature exacte et complète des cas où, dans un nom, deux ou plusieurs voyelles accolées forment diphtongue et des cas où ces mêmes voyelles ne forment pas diphtongue ?

  1. De cette opinion de M. Fournier on peut rapprocher la remarque suivante de M. J. Claye : « Certains mots dans le langage typographique ont été détournés de leur acception primitive. Très improprement on a donné le nom de division à un signe qui, au contraire, indique qu’il doit y avoir rapprochement, union. » — Sans doute ! mais la fonction de ce signe n’est pas simplement d’indiquer au lecteur qu’il doit y avoir liaison entre les deux parties du mot séparé, et au typographe que, en cas de remaniement, il aura à unir en « un seul tenant » les deux parties du nom, mais aussi de couper, de diviser.