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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/375

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Toutefois, dans ce cas, pour les nasales n et les liquides l mouillées, il faut reconnaître, avec M. Greffier, que la division n’est pas tout à fait d’accord avec la prononciation moderne qui donne :

  con- naître = co- naître,
travail- leur = trava- yeur,
papil- lon = papi- yon,
mil- lion = mi- lion.

« En attribuant, par la division, la première consonne à la syllabe qui précède, et la deuxième à celle qui suit, on se conforme à un usage établi depuis longtemps et accepté par tous. » C’est vrai ; mais, et ceci vaut encore mieux pour notre raisonnement, on se conforme surtout à la prononciation traditionnelle. : mil-yon, traval-yeur, papil-yon, qui est la bonne et qui malheureusement tend à disparaître pour faire place à une prononciation vicieuse (Brachet et Dussouchet).

18. Lorsque x et y sont précédés et suivis d’une voyelle, la division du mot après ou avant ces deux lettres ne saurait être tolérée :

  Ale-x-andre, mala-x-er, prévo-y-ance,
bo-x-er, si-x-ième, pa-y-eur,
e-x-amen, soi-x-ante, vo-y-age,
e-x-emption, cra-y-on, jo-y-eux.
e-x-igible, cro-y-ance,
di-x-ième, mo-y-ennant,

Voici quelles sont les raisons de cette interdiction :

X, la seule consonne double que nous ayons en français[1], se prononce tantôt comme es : luxueux (luc / sueux), malaxer (malac / ser), tantôt comme gz : examen (eg / zamen), exigible (eg / zigible) ; elle a aussi le son se rapprochant sensiblement d’un double s : Bruxelles (Brus / selles), Auxerre (Aus / serre), ou d’un z : sixième (sizième), dixième (dizième). — Elle peut avoir encore le son du c simple : excellent (ec / cellent), exception (ec / ception) ; le son de l’s : six (sis’), dix (dis’) ; et enfin du k : Xérès (Kérès). — Le trait de séparation du mot décomposé montrant qu’avec un x, précédé et suivi d’une voyelle, une partie appartient à la syllabe précédente et l’autre partie à la syllabe qui suit, on voit qu’il n’est pas possible (ce serait, tout au moins, une grosse erreur) d’attribuer par une division l’x à une syllabe plutôt qu’à une autre.

Ces raisons « semblent un peu spécieuses » à M. Greffier (et peut-être aussi à M. Desormes), et il se demande : « Est-ce que la lettre t et la lettre s n’ont pas plusieurs prononciations ? En divise-t-on moins avant ?

Nous por t ions des por t ions ;
Je pen s ais qu’il se gri s ait
. »

  1. Le w n’est pas une lettre française ; c’est une consonne double dont l’importation est due aux mots d’origine étrangère rencontrés aujourd’hui de plus en plus fréquemment dans notre langue.