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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/416

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Tous les manuels typographiques, sans distinction, sont d’accord sur les règles des paragraphes 54 et 55, à l’explication desquelles certains auteurs apportent quelques développements, que nous analyserons rapidement.

Dans son Guide du Correcteur, Tassis consacre à ce sujet près d’une page, dont les exemples sont particulièrement suggestifs. Il fait d’ailleurs remarquer que la règle s’applique non seulement aux articles faisant partie indispensable de l’intitulé d’un ouvrage, mais encore à ceux qui figurent « dans un titre d’opéra, dans un titre de tableau, dans le nom d’un navire ».

Avec beaucoup plus de concision, Théotiste Lefevre, dont l’affirmation ne laisse place à aucune hésitation, écrit, à la page 48 (n° 88) du Guide du Compositeur : « On met en italique les mots le, la, les, du, de la, des, un, une, lorsqu’ils font partie indispensable d’un intitulé quelconque… ; mais le, la, les, se mettent en romain…, s’ils ne font pas partie de l’intitulé, ou s’ils sont modifiés dans leurs formes. »

Leforestier, dans son Manuel du Correcteur, dit : « Lorsque le, la, les, du, de la, des, un, une font partie intégrante et indispensable de l’intitulé d’un ouvrage, on les compose en italique ; dans le cas contraire, en romain, comme par exemple, lorsqu’ils entrent dans la traduction d’une œuvre étrangère :

« Voltaire, en écrivant la Henriade, rêvait de donner à la France une épopée semblable à l’Iliade et à l’Enéide. »

J. Dumont, E. Desormes, Émile Leclerc mentionnent brièvement la règle, sans plus s’attarder à son examen.

Henri Fournier (dont le Traité de typographie est, par certains côtés, très inférieur, comme valeur didactique et même documentaire, aux ouvrages des écrivains que nous venons de citer) passe rapidement sur les circonstances où l’emploi de l’italique est obligatoire et ne parle point du cas spécial de l’article, qui peut-être, pour lui, n’avait point donné lieu à difficulté.

Daupeley-Gouverneur consacre à cette question plusieurs pages de son volume le Compositeur et le Correcteur typographes : après avoir posé (p. 117) la règle générale énoncée au paragraphe 54, il apporte à cette obligation de telles exceptions (p. 119) qu’il ne semble plus rien rester du principe lui-même.

La théorie ne donnant que quelques exceptions, il semblait que dans la pratique aucun doute ne pourrait se produire. Malheureusement, il n’en est rien ; et l’application stricte de la règle du paragraphe 54 donne lieu à des difficultés innombrables.

Dans quelles circonstances, l’article, quel qu’il soit d’ailleurs, « fait-il partie indispensable d’un intitulé quelconque » ? Si l’on peut affirmer, sans crainte possible d’erreur, que pour telle raison un article a été