Aller au contenu

Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/423

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XVI

CAPITALES ET BAS DE CASSE



Larousse[1] définit les majuscules « des lettres plus grandes que les autres et différentes par la forme ». Ces lettres ont pour but de distinguer matériellement certains mots et d’appeler sur eux l’attention.

Le terme majuscule (tiré directement du latin majusculus) est employé par opposition au mot minuscule (dérivé de l’expression latine minusculus, plus petit, diminutif de minus, petit). En pratique, les minuscules sont les lettres de l’écriture courante, utilisées dans les noms communs, les adjectifs, les adverbes, les prépositions, etc., alors que les majuscules sont employées pour la lettre initiale des noms propres, des expressions considérées comme tels et du premier mot d’une phrase.

Les Anciens ne connaissaient pas, semble-t-il, les distinctions établies aux temps modernes pour l’emploi de telles ou telles lettres d’importance plus ou moins considérable ; ils écrivaient ou ils gravaient indifféremment leurs inscriptions et leurs textes entièrement en majuscules ou en minuscules.

D’après Frey et Bouchez, « avant l’imprimerie on nommait majuscules les grandes lettres du commencement[2], et les autres minuscules ». Les désignations primitives rappelaient donc simplement la grandeur respective des deux types de lettres en usage. Après l’invention de Gutenberg, par suite de l’apparition d’un troisième type de lettres, les dénominations primitives furent légèrement modifiées[3].

Pour des raisons diverses, le terme grandes capitales fut substitué au mot majuscules ; les lettres minuscules furent désignées sous le nom de bas de casse, en raison de leur emplacement dans la casse ; et une troisième expression, celle de petites capitales, fut créée pour dénommer des lettres ayant, au point de vue alignement, les mêmes caractéristiques que le bas de casse, mais rappelant la forme des grandes capitales[4].

  1. Grand Dictionnaire universel du xixe siècle, t. X, p. 984. — Cet article paraît avoir eu pour auteur Bernier ou Boutmy, qui prirent une part importante à la rédaction et à la correction du Grand Dictionnaire.
  2. Il est à supposer que, par ce mot, Frey et Bouchez désignent surtout les lettres ornées et enluminées des manuscrits.
  3. Nouveau Manuel complet de Typographie, p. 264.
  4. Il est bon de remarquer que Frey et Bouchez proposaient, en 1857, d’abandonner ces expressions et, revenant aux termes anciens, de « ressaisir les termes majuscules et minuscules, pour désigner les petites lettres et les grandes », puis d’appeler du nom de « médiuscules l’alphabet qui tient le milieu entre les deux autres ».