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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/497

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II

EXPRESSION DES NOMBRES EN CHIFFRES ARABES


§1. — GÉNÉRALITÉS


23. Des controverses nombreuses se sont élevées, à maintes reprises, sur la question des nombres à composer en chiffres ou en lettres ; des divergences profondes se manifestent à ce sujet entre littérateurs et auteurs typographiques, comme entre savants et correcteurs ou compositeurs typographes.

Certaines de ces différences d’appréciation ne sauraient étonner : la volonté des auteurs, suprema lex, devant laquelle tout doit plier, a fait trop souvent adopter, dans une même Maison, des marches différentes dont le moindre défaut était l’absence de toute logique et de toute régularité.

Mais il est d’autres divergences, à propos desquelles, toutefois, il est difficile de ne pas manifester un désappointement profond : celles qui existent entre les divers manuels typographiques.

La solution de la question des Nombres est d’ailleurs apparue à plusieurs si difficultueuse qu’ils n’ont pas hésité à presque la passer sous silence.

Voici, à titre d’exemple, avec quelle habileté un de nos auteurs techniques, dans son Traité de la Typographie[1], s’est tiré du mauvais pas, plutôt de l’imbroglio, que lui semblait présenter l’étude de la composition des nombres.
---- « Les nombres peuvent ou figurer en chiffres ou s’exprimer en toutes lettres. Il est certains cas dans lesquels l’usage décide en faveur de l’une ou de l’autre de ces deux méthodes ; mais souvent aussi le choix en est arbitraire et n’a pour guide que le sentiment de la convenance locale : il nous semble donc impossible de poser sur ce point des règles immuables. Nous nous bornerons à dire, moins à titre de principe que comme résultat de l’observation et du raisonnement, que, dans un texte, toutes les fois qu’un nombre a une valeur plutôt vague et approximative que fixe et déterminée, il est plus convenable de l’exprimer en lettres. Dans le cas opposé, et dans certains ouvrages techniques où les nombres reviennent souvent, où ils ont une importance considérable, et où il y a lieu de les comparer, notamment dans les travaux de statistique, il est nécessaire d’employer les chiffres, qui rendent le nombre plus apparent et plus facile à saisir. »

  1. Fournier, Traité de la Typographie, 4° éd., 1903, p. 199.