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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/541

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CHAPITRE XVIII

ABRÉVIATIONS



Suivant Larousse, l’abréviation est le « retranchement de lettres ou de syllabes pour écrire certains mots plus rapidement ».

On donne le nom d’abréviation aux « lettres initiales qui servent à représenter un mot tout entier ; — aux signes ou caractères usités soit dans les manuscrits, soit dans les premiers livres imprimés, pour suppléer à certaines syllabes et même à certains mots » ; — enfin « à certains signes qui servent à représenter des mots ».

Les manuscrits anciens contiennent de nombreuses abréviations. « Pour aller plus vite, pour ménager le parchemin », les copistes inventèrent ou empruntèrent aux inscriptions les abréviations. « De là, les sigles, les ligatures, les monogrammes, les notes tyroniennes.

« Les abréviations proprement dites étaient fort en usage chez les Grecs et surtout chez les Romains. Tantôt on ne laissait subsister que la première lettre du mot, tantôt on n’en retranchait que les dernières, tantôt on supprimait celles du milieu. Ensuite, on imagina certains signes abréviatifs pour remplacer des syllabes, des consonnes doubles, des diphtongues. Les abréviations étaient employées dans les inscriptions, les manuscrits, les lettres et même dans les lois et décrets. »

Cette pratique, qui à l’origine n’avait été que facultative, devint rapidement une habitude, puis ne tarda pas à dégénérer en abus, rendant les textes presque incompréhensibles. « L’empereur Justinien se vit obligé de proscrire » les écarts auxquels se livraient sur ce point les copistes de son temps.

« En France, les abréviations, d’abord rares sous les rois de la première et de la seconde race, se multiplièrent tellement sous les Capétiens » que « les manuscrits du xiie et du xiiie siècle notamment sont quasi indéchiffrables ». Philippe le Bel, en 1304, essaya de porter remède au mal par une ordonnance qui bannissait toute abréviation des minutes des notaires et surtout des actes juridiques. L’abus n’en persista pas moins dans les siècles suivants, et l’on vit les abréviations passer des manuscrits dans les premiers livres imprimés.

« L’étude des abréviations employées dans les anciens manuscrits est une partie importante de la paléographie[1]. »

  1. Larousse.