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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/542

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Parmi les exemples les plus connus que l’on puisse citer, figure l’abréviation de la conjonction enclitique que : on la représentait par la consonne q, suivie d’un point et virgule : q ; ou, plutôt, d’une sorte de chiffre 3 : q3.

Les consonnes m et n étaient fréquemment retranchées, soit à la fin, soit dans le corps même du mot : la voyelle qui précédait ces consonnes recevait alors en tête un signe spécial sollicitant l’attention du lecteur : , , pour em, am, um.

Mais il n’y avait aucune règle générale prescrivant l’emploi d’un système rigoureux et régulier d’abréviation ; tel mot, nom commun, abrégé par syncope ou par apocope, était immédiatement suivi d’un adjectif qualificatif exprimé en entier. Leclerc, dans son Nouveau Manuel complet de Typographie, donne en exemple une page des Heures à l’usaige de Rome (de Pigouchet), dont l’étude est intéressante à cet égard.

M. A. Claudin a reconstitué heureusement, la police du premier alphabet romain des typographes allemands installés, en 1470, à la Sorbonne, par les soins de Jean de la Pierre et de Guillaume Fichet. Cette police est particulièrement suggestive des abréviations que le lecteur était susceptible de rencontrer à cette époque dans un livre.


I

GÉNÉRALITÉS


1. Les manuscrits comportent habituellement une grande quantité d’abréviations que le compositeur et, surtout, le correcteur doivent connaître.

Suivant les circonstances, ces abréviations sont tantôt reproduites intégralement dans la composition, tantôt modifiées en écrivant au long les mots ou les expressions qu’elles représentent.

2. Aucune règle précise ne saurait être établie pour fixer une méthode régulière de formation des abréviations, chaque auteur agissant trop souvent sur ce point au gré de sa volonté ou de son caprice.

On admet cependant, d’une part, qu’il est indispensable de conserver au moins en entier le radical du mot abrégé. D’autre part, à moins d’obligation absolue, on ne doit pas, lorsque le mot comporte plus de deux syllabes, retrancher ou modifier la syllabe finale seule.

À l’aide de ces deux principes on a posé les règles qui peuvent présider à la formation des abréviations :