12. Le vers de 12 syllabes, ou grand vers, se nomme hexamètre (c’est-à-dire « mesure de 6 pieds ») ; il est dit encore vers alexandrin, vers héroïque ; c’est le plus beau et le plus complet, convenant presque à tous les genres ; il est coupé par un repos, ou césure, en deux parties égales de 3 pieds chacune :
Romains et vous, Sénat, | assis pour m’écouter,
Quel droit vous a rendus | maîtres de l’univers ?
Pourquoi venir troubler | une innocente vie ?
13. Le vers de 11 syllabes, ou endécasyllabe[1], est composé de deux parties inégales, la première de 5, la deuxième de 6 syllabes :
Un petit garçon | demandait à son père :
Faisait-il soleil | quand je n’étais pas né ?
Tous les jours on voit | l’ignorant étonné
Dater de son âge | un nouveau temps sur terre.
Cette mesure, rénovée par Nicolas Rapin, l’un des collaborateurs de la Satire Ménippée, n’obtint qu’un succès d’estime, à cause de son allure boiteuse. Quelques auteurs, pour remettre ce vers en honneur, ont cherché à lui donner une forme nouvelle en déplaçant la césure, en intervertissant les deux parties et en mélangeant les deux genres :
Malheureux le mortel | qui trouve importune
La présence des siens | frappés d’infortune,
Égoïste vil | qui, toujours plein de lui,
N’a jamais vécu | ni souffert dans autrui.
14. Le vers de 10 syllabes, ou décasyllabe, ou encore pentamètre (5 mètres), est l’ancien vers héroïque du moyen âge, celui des trouvères et des troubadours qui l’utilisèrent dans les chansons de geste. Il a un repos après la quatrième syllabe, sa deuxième partie étant composée de 3 mesures ou 6 syllabes :
1
Avec ses traits, | ses souris, ses appâts,
Ceci soit dit | sans nul soupçon d’amour,
Car c’est un mot | banni de votre cour.
- ↑ Le plus ancien traité de versification romane que l’on connaisse, Las Flors del Gay Saber, date de 1356. Il mentionne, sans aucune remarque, le vers endécasyllabe avec les deux césures facultatives.