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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/767

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Examinons quelques autres cas :

5° Solano l’apostrophe : « Que viens-tu faire ici ? » et il l’abat d’un coup de pistolet.
xxxx 6° Je l’entends crier : « Vive la France ! » et alors un officier lui trancha la tête.

Bien que la phrase continue après les paroles citées, la ponctuation doit être également placée avant le guillemet : d’une part, le texte cité a un sens complet ; d’autre part — et là surtout est la raison de la règle — la ponctuation appartient encore exclusivement aux paroles rapportées. Aux exemples 3°, 4°, 5° et 6° le texte entre guillemets est seul exclamatif ou interrogatif, cela est évident ; et il est nécessaire, en mettant la ponctuation avant le guillemet final, de conserver aux yeux et à l’esprit du lecteur l’exclamation ou l’interrogation qui existaient dans les phrases prononcées.

V. Lecerf[1] est très affirmatif sur ce sujet : « Le point se place en dedans du guillemet si la partie guillemetée est un passage entier commençant par une capitale, ou souvent aussi est précédée d’un deux-points. »

Tout en acceptant cette manière de voir, D. Greffier[2] fait une observation que l’on ne saurait passer sous silence : « Lorsqu’une phrase renferme une citation, on met la ponctuation de la citation avant le dernier guillemet, et la ponctuation de la phrase (lorsqu’elle en comporte une) après ce dernier guillemet. » Voici l’exemple :

« Prenez garde au chien ! », lisait-on à l’entrée des maisons romaines.

L’exemple suivant n’est pas moins caractéristique de l’opinion de Désiré Greffier que la citation précédente :

Soit, par exemple, la question : « Où avait-il laissé son couteau ? » ; on peut y distinguer une relation temporelle (passé) et une relation spatiale (localisation).

Aucun autre auteur typographique ne paraît donner cette règle de la double ponctuation. — D’autre part, dans nulle grammaire on ne rencontre, en ce genre, l’application de deux ponctuations successives dont il est malaisé d’expliquer les raisons.
xxxx Il est d’ailleurs aussi difficile d’accepter cette autre manière de voir de D. Greffier : « Si la ponctuation de la citation est différente de celle de la phrase, on mettra les deux ponctuations. » Exemple :

A-t-il dit : « Quel grand malheur ! » ?
  1. Le Courrier du Livre, n° 49, 1er avril 1901.
  2. Les Règles de la Composition typographique.