4. Suivant la méthode anglaise, depuis nombre d’années[1], les phrases incidentes sont souvent placées entre deux moins ou tirets qui, dans ces circonstances, font office ou tiennent lieu de parenthèses :
Si, au contraire, on voulait prendre en considération le chiffre individuel — et c’est bien, je crois, le but principal de la méthode, — les objections se pressent.
Il est à ma connaissance personnelle que dans certains services d’hôpitaux la mensuration des malades — et spécialement la mensuration de la tête, cette opération si délicate, — a été confiée à des infirmières.
L’habitude de secouer les casses et de remuer les lettres dans les grands cassetins avec, les doigts, afin de se faire une boîte pleine — ce qui est, sans contredit, à l’avantage du compositeur, — fait des ravages sans remède.
L’emploi des tirets oblige, comme dans les cas où l’on utilise les parenthèses, à la suppression de certaines ponctuations ; mais les auteurs typographiques, bien que signalant, cette nécessité, ne sont pas d’accord à ce sujet sur tous les points.
Dumont[2] dit : « Leur présence [celle des tirets] ne doit pas exclure la ponctuation régulière ; mais, lorsque le sens de la phrase ne l’exige pas, il ne faut pas mettre de ponctuation. »
Évidemment, la règle aurait pu être plus rigoureuse ou mieux définie : il faut ou il ne faut pas ; Dumont admet, lui, cette autre formule : il faut et il ne faut pas. L’interprétation que l’on on peut donner, d’après les exemples cités par Dumont, est, toutefois, aisée : la présence des tirets « ne doit pas exclure la ponctuation régulière », telle un point-virgule, un point d’exclamation, un point d’interrogation, un deux-points, un point même, non plus que les points de suspension, signes dont l’omission rendrait absolument inintelligible le membre de phrase intéressé ou encore la phrase entière elle-même ; mais, par contre, « lorsque le sens de la phrase ne l’exige pas, il ne faut pas mettre de ponctuation » ; telle une virgule, dont la suppression est fréquemment possible sans risque de porter atteinte à la clarté du texte.
Si Dumont n’est pas assez explicite, par contre Desormes[3] semble trop catégorique, lorsqu’il affirme : « Nulle ponctuation ne doit précéder ou suivre des moins faisant office de parenthèses ou de virgules. » D’ailleurs, Desormes n’envisage ici qu’un côté de la question ; pour en donner la preuve, il suffira de faire une simple remarque : si l’incidente placée entre deux moins faisant office de parenthèses est exclamative ou interrogative, devra-t-on supprimer le point d’interrogation ou d’exclamation ?