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Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/204

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On lui prouva l’existence de Dieu par des syllogismes vainqueurs, et, quand il vit que Dieu ne se touche pas plus que ça ne se sent, il perdit la foi.

Il n’avait plus de foi. Il voulut être logique. Il vendit ses dictionnaires pour connaître l’amour, et son père lui apprit que les conventions de la société sont tyranniques.

L’alcool lui montra un monde moins terne que l’autre. Il but, il fut malade et devint un voyou.

Ce fantaisiste se fit notaire. Il croyait que le notaire reçoit des actes. Il reçut des actes et négligea les placements auxquels il n’entendait rien, et l’on fut étonné qu’il vendît son étude.

Il écrivit et disait ce qu’il pensait : sa réputation de bohème était faite. Quand il louait, on ne l’écoutait pas. Quand il moquait, on lui suggérait en riant une nouvelle victime. Ce qui le perdit, c’est qu’il pensait qu’on pouvait critiquer ce que le patron admirait.

Il voyait des amis vivre de commissions, de gratifications, et de primes et de bonis : il crut plus simple et plus honnête de quêter. On lui donnait, mais il était obligé de payer son écot d’une farce ou d’une plaisanterie, et c’était